Listen

Description

Dans ce numéro de Variations, nous parlons d’appropriation culturelle ou plutôt, de plusieurs notions plus ou moins proches les unes des autres quand il s’agit de création… nous tentons de définir les frontières qu’il peut y avoir entre emprunt, référence, hommage, plagiat et appropriation culturelle.

La notion d’appropriation culturelle existe depuis les années 80, introduite par la réalisatrice canadienne Loretta Todd et l'écrivaine féministe américaine Bell Hooks. Elle se base sur la pensée postcoloniale qui consiste simplement à dire que les puissances colonisatrices n’ont pas à utiliser des éléments des cultures de pays qu’ils ont un jour dominé, volé et pillé - à leur profit. D’autant plus que quand par exemple, un créateur de mode blanc s’inspire de motifs dits “ethniques” pour ses créations, celles-ci sont protégées de la copie par les lois en vigueur en rapport avec la propriété intellectuelle.

La question n’est pas aussi simple qu’elle ne le semble, et surtout, elle a  l’intérêt indéniable d’ouvrir vers d’autres champs de questionnement.

Il suffit de prendre un exemple concret pour qu’il annule le précédent, surtout lorsque du point de vue, des tribunaux il y a jurisprudence. Tout ça brouille les pistes entre propriété intellectuelle et droit de citation, mais permet clairement d’entrevoir de plus en plus certaines des limites du droit d’auteur.

Et puis il y a le tribunal populaire, celui des forums et des réseaux sociaux où l’on se rend vite compte que la notion de censure et celle de visibilisation ne sont jamais bien loin, et que souvent, elle se tiennent dos à dos provoquant des crispations et des cristallisations de bon sentiments.

Mais peut-on donner de la visibilité lorsque l’on n’est pas concerné par une question, par une culture, par un phénomène sociétale? Où place-t-on le curseur de la censure ou de l’auto censure ? Ou au contraire où placer le curseur de la légitimité, celui du carriérisme ou de l’opportunisme ?

D’un autre côté, la création peut-elle s’épanouir sans influence et sans métissage? Comment se fait-il que dans le cinéma, a contrario d’autres disciplines, un metteur en scène se réservera le luxe de rendre hommage à ses pairs, à ceux qui ont précédé ?

Pourquoi la scène du landau dans le film “Les Incorruptibles” de Brian de Palma n’est pas un plagiat de celle du Cuirassé Potemkine ? Et quand Tarantino emprunte au cinéma des autres pourquoi crie-t-on au génie ? Et quelle est la définition de cette notion d’emprunt ?

Voici quelques-unes des questions que nous nous posons dans ce numéro de Variations.

Au menu du jour :

D’abord une définition de l’appropriation culturelle. Avec Elias Khrouz, juriste spécialisé en propriété culturelle, nous dressons le périmètre juridique de la question.

Cette notion suscite autant de débat car elle fait appel à l’affect. Avec Myriam Laabidi, fondatrice du blog MayaSanaa, nous parlons de cette fois où elle s’est sentie offensée par l’utilisation d’éléments marocains dans ce qu’on appelle la mode ethnique.

“A nous de nous raconter et de maîtriser notre branding,” c’est l’avis de Meryem Bensari, elle est consultante en stratégie de marque et prône la mise en place d’une marque Maroc.

Quelle différence faire entre emprunt, inspiration, influence et plagiat ? C’est avec Roland Carré, professeur de cinéma à l’ESAV que nous abordons le volet septième art avec entre autre un cas d’école - celui de Tarantino.

Et comme à l’habitude dans ce magazine, nous nous sommes tournés vers vous qui nous écoutez pour parler de légitimité quand on emprunte des codes appartenant à une autre culture. On a choisi l’exemple de la mode où le débat sur l’appropriation culturelle est à son paroxysme.


--- Send in a voice message: https://anchor.fm/variations1/message