Nous avons toujours voulu ce magazine comme une parenthèse où l’on prenait le temps de la réflexion, un moment apaisée et bienveillant; mais six mois après le début de la pandémie trois mots résonnent dans le monde de la culture au Maroc, trois mots qui sont : Frustration, inquiétude et angoisse. Six mois et l’avenir est aujourd’hui et plus que jamais incertain pour les opérateurs des secteurs de la culture, du spectacle vivant et de l'événementiel au Maroc.
On parle très souvent de la culture comme un véritable levier de l’économie, mais dans les faits et la réalité la culture est le parent pauvre de l’économie.
C’est la dernière roue du carrosse. Et la crise actuelle le confirme davantage.
Pas un mot de la part des instances gouvernementales sur les répercussions du confinement et de la pandémie sur les opérateurs culturels qui n’ont pratiquement pas travaillé cette année, ni pour ceux du secteur de l'événementiel qui regroupe au Maroc, selon une récente étude, 5 branches et 30 métiers. Pas de soutien, pas de contrat-programme en vue, pas de retours sur les différentes stratégies, plans de relances ou protocoles sanitaires proposés par les professionnels du secteur.
D’un autre côté, la reprise même timide et sous contrôle des établissements hôteliers, des cafés et des restaurants… laisse les opérateurs culturels et événementiels perplexes. Pourquoi pas nous? C’est ce qu’ils se disent. Alors que des moyens innovants pour organiser des concerts par exemple, tout en respectant la distanciation physiques existent et commencent à faire leurs preuves à l’étranger.
En effet, plusieurs pays ont maintenu leurs programmes culturels, rencontres, festivals et concerts cet été… en adoptant des protocoles sanitaires adaptés. L’activité culturelle a repris, tout doucement mais sûrement, chez nos voisins espagnols, français et tunisiens.
Au Maroc, les rassemblements de plus de 20 personnes sont encore interdits... la saison est “nulle”, l’année 2020 est “foutue”...
Dans ce numéro de Variations, nous faisons un état des lieux actuel - six mois après le début de la pandémie de la COVID-19
Dans ce numéro, nous évoquons les secteurs de la musique, du spectacle vivant, de l’édition et de manière plus générale d'événementiel. Et qu’on se le dise de facto, tout ça ne présage rien de bon.
Au menu aujourd’hui:
Nous revenons sur ce sentiment d’impuissance lié à l’annulation des éditions 2020 des festivals Tanjazz et Jazzablanca avec Moulay Ahmed Alami de l’entreprise culturelle Seven PM.
Les festivals de musique L’Boulevard et de street-art Sbagha Bagha et Jidar, toiles de rue également annulés. On en discute avec leurs co-directeur Hicham Bahou qui nous parle aussi de l’impact de ces mesures sur le centre de musiques actuelles le Boultek à Casablanca.
A l’instar du tourisme, les professionnels de l'événementiel tentent depuis plusieurs mois de négocier une reprise sous conditions et des mesures d’accompagnement avec les instance gouvernementales concernées. En vain. Interview de El Mekki Lahlou, porte-parole du GPPEM, le Groupement professionnel des prestataires de l'événementiel au Maroc.
Enfin, le secteur de l’édition, déjà fragile au Maroc, est en souffrance… Dans ce contexte incertain, les librairies essaient de garder la tête hors de l’eau. On fait le point sur la profession avec la journaliste et éditrice Kenza Sefrioui.