Nasreddin a dessiné son tombeau. Il en est fier ! Il se rend à la ville de Konya, et y rencontre un architecte très renommé. Il lui montre son plan : — Voilà. Ici, se trouve une plaque de marbre, rectangulaire : mon tombeau. Il est entouré de quatre colonnes torsadées, surmontées d’une jolie coupole. Oh j’aimerais qu’elle ait la forme de mon turban ! — D’accord, dit l’architecte. — Et aussi, qu’elle soit trouée en son milieu. — Ah oui ? — Oui. Oui, parce que même mort, je veux continuer à voir le ciel. D’autre part, je ne veux aucun mur autour. Pas besoin. Juste la face avant qui sera fermée par une grosse porte de bois, couverte de serrures fermées par de gros cadenas. — Mais pourquoi une porte fermée si le reste est ouvert ? — Ouvert ou fermé, il faut les deux. Ah ! J’oubliais. Sur la pierre tombale, je voudrais que soit gravés trois chiffres : 386. C’est un code secret. Il faudra le déchiffrer. L’architecte griffonne quelque chose sur une feuille : — Mmmh… Si on transforme les chiffres 386 en lettres, cela donne S.H.W.F qui signifie « voir ». C’est cela ? — Bravo ! Ou bien « Faire voir » ! L’architecte est séduit, il accepte le chantier. Nasreddin lui précise : — Écoute, je ne peux pas te donner d’acompte. Mais je m’engage à te payer la totalité lorsque le tombeau sera entièrement terminé ! L’affaire est conclue. Dans le cimetière d’Akshéhir, le chantier dure plusieurs mois. Lorsqu’il est enfin terminé, Nasreddin court l’admirer. Il est exactement comme sur son dessin ! L’architecte demande son dû, mais Nasreddin lui répond : — Ah mais il n’est pas encore fini ! — Comment ça ? — Il manque encore une pièce ! L'architecte s'emporte : — Mais quelle pièce manque ? J’ai fait exactement le tombeau comme sur ton dessin. Il ne manque rien ! Laquelle manquerait-il ? — La pièce maîtresse ! Moi.
Réfléchis bien avant de t’engager. Lis bien le contrat !