Notre intervention vise à caractériser de manière contrastive la présentation de soi (éthos) et la vulnérabilité du moi, l’une étant à comprendre comme l’élaboration fictive d’une image stratégique et l’autre comme la thématisation d’un ancrage irrécusable dans un corps qui revendique alors une identité. Le discours est ainsi le meilleur partenaire pour les tentations extrémistes de l’image et de l’identité et, en même temps, un démystificateur sans merci. Il aide à prédiquer des fondements subreptices des images et des identités (mythologies de l’ego), fondements qu’il ne possède pas lui-même, et à la fois il participe largement à leur déconstruction critique. Ces paradoxes créés par le discours, en qualité d’agent double, ne peuvent qu’être au cœur des tensions qui traversent et qualifient la subjectivité énonciative. Ensuite, le sens discursif a deux « chambres » d’incubation et d’éclosion du sens : l’environnement social et l’environnement psychique. Or, ces environnements ont besoin d’échanger constamment les valeurs élaborées d’un côté ou de l’autre, ce qui montre des processus d’« extériorisation » de l’intime (extime) et d’« intimisation » du sens institué publiquement (sensibilisation). Ces transpositions des valeurs et de significations sont assurées par des médiations linguistiques et des élaborations discursives, ce qui mérite alors une enquête sémiotique de l’intimité comme construction énonciative. Tout dispositif énonciatif est « allocentré » étant donné qu’il contient une structure d’adresse, ce qui suggère que même le monologue le plus intime divise des instances subjectives, en affichant ainsi une appropriation problématique de soi et une vocation à la décoincïdence. Le paradoxe est que l’intime cherche à s’approprier soi-même car il ne s’appartient pas. Mais dans ce mouvement imperfectif et inachevé, il invite aussi d’autres profils identitaires à émerger en tant que revendications d’une disponibilité de valeurs propres et « inéchangeables.