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Mardi 3 novembre, 11h21.
Le rendez-vous a été pris il y a plus d’une semaine, et je l’attends avec impatience. Je sens bien que ça ne va pas. Même le sommeil n’est plus là. Je me réveille la nuit à cause des douleurs dans le dos et je sais qu’elles n’ont rien à voir avec un quelconque faux-mouvement. Le moral et l’humeur sont en dents de scie. Et surtout le manque de sommeil m’épuise. Moi qui ai toujours eu un sommeil de plomb et le réveil tonique qui va avec, je me traîne. Je me traîne et je n’aime pas ça. Je finis par être en colère contre moi et contre mon état, mais rien n’y fait alors j’ai rendez-vous avec mon ostéopathe. L’idée c’est qu’elle me soulage du dos, qu’elle me réaligne comme on dit, et si possible que tout rentre dans l’ordre.
Elle est jeune et joviale. Franche aussi. Je le sens dès mon entrée dans son cabinet. Je ne vois pas son visage, masque oblige, mais son regard est franc. Elle me pose quelques questions sur l’objet de ma venue et me voilà allongé sur la table d'examen. Elle pose ses mains sur mes chevilles et me dit d’emblée que la terre me manque. Il faut que je marche, que je sorte, que je m’ancre. Ok, rien de surprenant.
_ “Vous n’êtes pas fait pour rester en place vous hein? La situation actuelle ne vous convient pas. “
Effectivement, le confinement deuxième édition vient de débuter aujourd’hui même et je sens qu’il va falloir mettre une stratégie en place. Le premier m’a fait très mal, bien qu’il ait eu lieu au printemps. J’ai passé pas mal de temps dans les champs à faire les foins avec des copains, je me suis occupé comme j’ai pu. Ça n’était qu’une parade, mon sommeil a déserté à ce moment-là. On fait le fortiche, on fait des moulinets avec les bras pour défier le virus invisible, mais les effets sont là. Ça n’allait pas et ça ne va pas mieux aujourd’hui.
L’ostéopathe me pose des questions sur moi, mon métier, et s’attaque maintenant à la partie haute de mon corps. Le torse, les épaules, et le dos.
_ “Vous êtes complètement coincé. Rien ne circule, c’est bloqué.”
Elle me manipule et je n’arrive même pas à l’aider, dans son entreprise, avec ma respiration. Je subis. C’est douloureux mais je sais c’est que ça libère, ça lâche.
Les épaules sont verrouillées, elle finit après plusieurs gestes assez physiques à les détendre. Mon cadeau de fin de séance arrive: le massage crânien. Elle est surprise de trouver là encore autant de tension. La séance se termine. Je ne bouge pas. Je reste allongé dans la position initiale, sur le dos. Elle se place à ma gauche et me donne le résultat de ses observations.
_ “ Vous êtes quelqu’un d’actif monsieur Compozieux. Il va falloir trouver le moyen de le rester malgré la situation. Il va falloir marcher, respirer, vous balader en forêt”. Ça me va comme traitement, pas de souci.
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