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Mardi 30 Mars 2021, 9h30.
J’étais missionné samedi dernier pour emmener mes deux plus jeunes filles chez le coiffeur, pardon, la coiffeuse. Autant vous dire que j’étais content, je frôlais l’hystérie. Ceux qui me connaissent savent que j’ai depuis belle lurette déserté les salons de coiffure, faute de cheveux : l’excuse est imparable. Et puis pour être honnête, je n’ai jamais vraiment aimé ça. Ni les cheveux, ni les coiffeurs. On reste assis pendant des plombes et on enchaîne banalités sur banalités avec celui ou celle chargé de vous raccourcir la mèche. Bref, c’est pénible, et pourtant j’aime les gens.
Me voilà donc à patienter au beau milieu du salon de coiffure avec mes deux filles sous le bras. L’employée s’active avec un client coiffé ras, comme disait ma grand-mère, et la patronne m’explique qu’elle a pris une demi-heure de retard. Elle doit encore coiffer La dame avant de pouvoir s’occuper de ma progéniture. Je lui souris poliment mais les choses se présentent mal. Non seulement je vais devoir subir les propos de la peroxydée pendant la coupe de mes filles, mais avant ça je viens de décrocher un bonus d’une demi-heure de vide! Elle coiffe La dame, elle m’avait prévenu. Elle s’adresse tantôt à la cliente tantôt à moi. Deux pseudo-conversations en même temps ! Y’a pas à dire : c’est ma fête. Questions sur mes filles :
— “Quel âge ?... En quelle classe ? … Et le caractère ? … C’est fou comme elles sont différentes ! … Elles sont dans la même école alors ? … Trois ans d’écart du coup…
— ben oui forcément entre cinq et huit ans ça fait trois,
— Alalala, elles ont grandi!
— l’inverse m’aurait inquiété,
— Ahahah , c’est un petit clown comme papa, ahahah ! … Ah ben vous c’est sûr c’est pas la frange qui vous gêne, ahahah…”
Consternation … Et j’assiste en plus aux échanges avec La dame puisque : “ Je termine La dame et je suis à vous ! “. La dame se regarde. Elle se sourit dans le miroir, mais je jure y voir un peu de tristesse. Et puis je décide que non, cette femme est simplement une inconditionnelle de son propre reflet.
Et l’autre qui l’encourage :
— “ C’est fou comme ils sont épais vos cheveux ! Ils sont magnifiques, vraiment. Vous n’étiez pas aussi brune avant ?! Ils ont carrément changé de couleur, c’est incroyable ! N’empêche, ils sont facile à lisser, vous en avez de la chance… “
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