Mardi 5 Janvier 2021, 14h36.
Nous voilà en 2021 depuis 5 jours. On se souhaite la bonne année du bout des lèvres, le cœur n’y est pas vraiment. On évoque systématiquement l’année passée, le virus maudit, le surgissement de l’inédit dans nos vies et puis on referme la boîte aussi vite qu’on l’a ouverte de peur de s’attirer de nouveaux ennuis. Pour Noël, les retrouvailles familiales ont eu lieu et c’était bien. Pendant quelques heures les choses paraissaient à nouveau normales. Et nous voici donc face à cette nouvelle année.
Polaroid 41 a vu le jour en 2020. Une bien belle aventure qui nous permet de tenir bon, Tina et moi, qui sommes privés de scène. Aujourd’hui c’est mardi, habituellement le « jour polaroid », celui où l’on poste nos productions sur le net. Depuis hier je vois l’échéance se rapprocher avec une légère appréhension. L’envie d’écrire est là, mais nos vies sont tellement rétrécies ces derniers temps… Je me dis depuis hier que mon texte de début d’année doit être léger, pourquoi pas joyeux. Après tout, l’actualité se charge déjà du marasme, autant ne pas en rajouter. Mais de quoi, de qui parler ? Je m’active, je réponds aux mails en retard (j’ai toujours des mails en retard, j’ai coutume de dire que j’ai la réactivité d’un bulot), j’emmène les filles à l’école, et le polaroid ne pointe toujours pas le bout de son nez. « On est secs », me disait hier Tina au téléphone. J’acquiesçais et tentais de la rassurer mais j’ai bien peur qu’elle ait raison. On est secs. On est secs de rencontres, d’échanges, d’anecdotes, d’humanité. On est maintenant lundi midi, je pars chercher une pizza et je mets l’autoradio plus fort que d’habitude pour éviter de m’entendre penser. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir écrire ? Mardi c’est demain. Et je suis sec, voire un peu triste pour être honnête. Je me gare. Henri fait la queue devant la boulangerie, il me fait signe. On discute deux minutes.
«_ Tu viens avec moi faire du bois demain matin ?
_ Banco, je suis ton homme. 8h30 chez toi ! J’apporte mes bras ? »
Et je repars vers la maison le cœur plus léger. Mardi matin je vais dans les bois avec Henri. On va se marrer, rentrer un peu de bois pour l’hiver prochain et surtout ça va me faire un bien fou de me rendre utile. De retour à la maison, je frise l’hystérie. Je claironne haut et fort mon programme du mardi matin. Mon polaroid de la semaine n’est toujours pas écrit, ça attendra. J’ai besoin de cette sortie dans les bois. J’écrirai plus tard. Je n’ai pas d’idée, laissons venir…
Mardi matin 8h je suis chez Riton. Il neige un peu. On charge nos tronçonneuses dans la bennette et nous voilà partis. On a coupé du bois jusqu'à midi, et c’était bien. Ça m'a fait un bien fou. J’ai toujours aimé faire ça. Je me sens vivant. Acacias, ormeaux et chênes. Voilà les trois essences d’arbres qu’on a abattues. On les a achevés pour être honnête, ils étaient déjà soit mal en point, soit déjà morts. Me voilà de retour à la maison. C’était chouette ce matin. Le rendez-vous est déjà pris pour demain matin, on remet ça. Parfait.
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Polaroid et texte intégral disponible sur : http://polaroid41.com/terrier/