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Et on est encore que mercredi.

J’ai commencé ma semaine avec un duo challenge et pas des moindres.

Retrouver un rythme de sommeil dit « normal ».

Entendez par là, le coucher à minuit, et se lever raisonnablement le lendemain matin.

De rebondissement en rebondissement professionnel, pas le temps de didigérer, je m’informe ici et là pour forger mon armure. Ça fait un an et demi que je me prépare à digérer. Ça va aller là.

Pas le temps de dig, la gargantuesque nouvelle que voilà m’a amarré les larmes aux yeux. Terminus ! Tout le monde descend ! 

L’éditeur du 4 janvier a répondu à l’envoi de mon manuscrit.

La responsable éditoriale : « est séduite par mon manuscrit, et serais ravie d’échanger avec moi pour discuter de l’éventualité de le publier chez eux. »

J’ai envie d’hurler ! De pleurer, de monter sur le toit avec mon mégaphone et le dire à toute la ville en aspergeant la foule avec du champagne !

L’élastique que je tends depuis des mois va bientôt péter et éclabousser tous les pans de ma vie.

J’ai eu ma muse virile au téléphone dans l’après-midi, des nœuds se sont dissout dans mon ventre, et ma mâchoire s’est desserrée.

J’aurais mieux fait de rester sur cet échange honnête, vulnérable, plutôt que de m’emballer. J’aurais dû m’en tenir à la douceur d’une possibilité de se revoir lors d’un rendez-vous pour quelques jours plus tard.

Mais non.

Au lieu de ça, la sociopathe qui vit au grenier, en haut à droite à côté de mon oreille, s’est mis biais en tête de créer une affiche de concert en noir et blanc, affichant ma muse le jour de son anniversaire à Los Angeles.

Arboré d’une photo de lui micro à la main au nouvel an.

Jusqu’ici tout aurait pu rester acceptable voire drôle et attendrissant, si la sociopathe de quatre ans et demi n’avait pas été invitée par la voisine de palier à la publier sur Instagram.

La sociopathe de quatre ans et demi déborde d’imagination.

Ce que j’oublie toujours, c’est d’appeler la baby-sitter pour la placer sous surveillance.

Vous savez les enfants hyperactifs qu’on peut croiser devant les écoles, et qui sont complètement intenables ?

Et bien j’en ai une qui vit dans mon corps.

Il n’a évidemment pas apprécié.

Il n’a pas ri non plus.

Ni relevé mes délicats clins d’œil.

Je voudrais disparaitre sous terre et ne plus jamais le revoir.

Je voudrais que la planète me zappe. Pouf ! comme ça. Pour effacer ce moment.

Je me sens tellement conne.

Tellement une merde.

Je ne me crois pas assez, alors j’en fais trop.

Tellement trop. Des caisses. De dynamite.

Comment j’ai pu me dire que c’était une idée géniale ?

C’est la première fois que j’aimerais être une autruche.

Je vais poster cette annonce :

Recherche baby-sitter passionnée, sportive, expérimentée, auprès d’enfants difficiles.

Adulte, 90 kilos, agile, rapide, et dotée d’une capacité d’anticipation sans faille.

Elle devra ne pas compter ses heures, faire preuve de patience, mais aussi de poigne.

Elle ne dormira que d’un œil.

Les antidépresseurs ne seront pas de trop, voir ils seront fortement recommandés.

Salaire très conséquent. Poste à pourvoir avant qu’il ne soit trop tard.