L'intelligence d'Annie Ernaux est faite de son écoute de ce qui l'entoure, de la vie autour d'elle et, bien sûr, de sa propre vie. Mais pas comme sujet, pas comme centre d'intérêt, plutôt comme support de mémoire. Annie Ernaux est un témoin du temps qui passe, elle s'attache à décrire ce temps, et ce qui le compose, émotions, sensations, lieux, de la façon la plus juste possible. Cette quête de vérité à travers les mots est d'autant plus frappante qu'elle s'exprime avec une rare simplicité. On parle d'une écriture blanche, une écriture au scalpel, probablement parce que comme le scalpel il n'y a pas besoin d'en faire des caisses pour accéder à l'intérieur de ce qui est ausculté. Simplement d'être précis, et net. Alors tout se révèle, limpide, franc, froidement exposé, dans une forme de beauté d'autant plus troublante qu'elle est montrée sans effet. Cela aussi est un révélateur pour moi de l'intelligence d'un auteur, affranchi des circonvolutions de style pour s'attarder sur ce qui est juste. La façon dont Annie Ernaux parle de sa maison pour mieux évoquer sa soeur perdue et jamais connue, m'apaise et m'émeut à chaque fois (un jour il faudra que je vous lise Les Années, son chef d'oeuvre à mon sens). C'est un travail d'humilité, presque d'artisanat, qui ne veut pas briller mais être aussi pur que possible.
Un podcast à écouter avec une musique à l'avenant, probablement une pièce classique, un violon solo. Pas de place pour l'esbroufe, une musique comme vecteur vers la pureté. Une sonate de Bach. Et en buvant quelque chose de léger, d'immédiat. Un vin blanc simple et pas si mauvais comme on en trouve souvent dans les supermarchés, par chance et au hasard d'une étiquette inspirante.