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Description

"Le lecteur a compris que je déteste mon enfance et tout ce qui en  survit. » Loin de l'autobiographie conventionnelle qui avec nostalgie  ferait l'éloge des belles années perdues, il s'agit ici pour Sartre  d'enterrer son enfance au son d'un requiem acerbe et grinçant. Au-delà  de ce regard aigu et distant qu'il porte sur ses souvenirs et qui  constitue la trame de l'ouvrage et non pas son propos, l'auteur s'en  prend à l'écrivain qui germe en lui. Pêle-mêle, il rabroue et piétine  les illusions d'une vocation littéraire, le mythe de l'écrivain, la  sacralisation de la littérature dans un procès dont il est à la fois  juge et partie. Ainsi, « l'écrivain engagé » dénonce ce risible  sacerdoce, cette religion absurde héritée d'un autre siècle. Du  crépuscule à l'aube, un travailleur en chambre avait lutté pour écrire  une page immortelle qui nous valait ce sursis d'un jour. Je prendrais la  relève : moi aussi, je retiendrais l'espèce au bord du gouffre par mon  offrande mystique, par mon œuvre. On ne peut s'empêcher de sourire  devant tant d'ironie, et l'on sent l'auteur s'y amuse aussi lorsque,  avec cette langue parfaite et cette brillante érudition, il joue les  pasticheurs. - Lenaïc Gravis et Jocelyn Blériot