La maîtrise technique de la construction d'histoires et de la narration ne suffisent pas à faire des auteurs épanouis. Il faut inscrire la pratique dans une logique durable et prospère.
Durable, parce que c'est un travail de longue haleine, qui réclame de rester connecté à la vie -- c'est elle qui nous inspire et nous remplit de créativité. Durable pour éviter le burnout.
Prospère parce que le confort matériel nous donne la liberté de consolider notre voix. On musèle les auteurs en les laissant dans la précarité. Un auteur prospère est libre d'affiner son discours sur le monde, de proposer des réalités alternatives, d'aligner ses projets et sa motivation. Un auteur qui survit négocie en permanence avec lui-même. Il perd sa sagacité et son indépendance de pensée.
Prospère aussi socialement, pour en finir avec l'image de l'auteur comme d'un gentil hurluberlu qu'on ne considère pas comme un adulte à part entière et que l'on enferme dans un système d'exploitation qui mine la dignité individuelle.