Avant-dernière section d’"Une saison en enfer", "Matin" permet, mieux que tout autre fragment, de percevoir les enjeux de l’écriture rimbaldienne. Si, en première lecture, le poème en prose parait déroutant, voire hermétique, la rigueur de sa progression laisse entrevoir un texte logique et, a tous égards, parfaitement emblématique de l’ensemble du recueil qu’il pourrait à lui seul résumer. "Matin" tient donc à la fois du bilan, du constat que toute révolte, aussi légitime soit-elle pour affirmer son identité, doit s'assigner un but et une aspiration à un monde meilleur. C'est à cette interrogation sur l'avenir que répond le texte. Le présent qu'il veut changer, celui de l'échec, de l'enfer sur Terre fait apparaitre ce texte comme noir et bien désabusé alors que le titre "matin" pouvait nous laisser entendre une aube nouvelle, une renaissance.