En tant que structure dissipative, il ne fait aucun doute que les sociétés sont des superorganismes où les réseaux d’information jouent un rôle déterminant. Comme nous l’avons vu dans les articles précédents, il se pourrait que le christianisme ait favorisé ces interactions. Mais est-ce que le christianisme pourrait aussi nous renseigner sur cette tendance à la violence, inhérente à la nature humaine, qui pourrait être le socle de toute civilisation ?
Le monde est un enchevêtrement complexe de systèmes cybernétiques en conflit, et l’histoire est jalonnée de l’apparition de ces systèmes et la résolution de ces conflits ; l’humain, la nation, le marché libre. Nietzsche a une intuition de génie en imaginant l’origine de la mauvaise conscience comme émergent avec la naissance des sociétés humaines organisées, établies sous l’impulsion de forts qui vont penser un ordre et forcer les faibles à s’y soumettre. Comme le mettra en avant Hobbes, ils s’y soumettent, car cela présente des avantages pour eux, même s’ils perdent par la même occasion une part de liberté. Mais cela ne se fait pas via un contrat social dûment accepté, comme il le pense, ni via l’association d’hommes libres à l’état de nature comme l’affirme Locke. On reconnait là une pensée pré-évolutionniste. Cela commence par un despotisme qui va se raffiner en offrant des compromis, favorisant le bon fonctionnement de la structure, comme le fera remarquer Montesquieu.