Évangile du Samedi 14 septembre - La Croix glorieuse
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« Il faut que le Fils de l’homme soit élevé » Jn 3, 13-17
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »
Avec tous les films tournés sur la Passion du Christ et tous les crucifix à travers le monde, nous pouvons imaginer la scène où Jésus est mort sur la Croix. Mais ce qui s’est réellement passé nous échappe, si nous ne sommes pas entrés par la porte étroite. Cette porte qui, selon Jésus, est la clef de notre salut : « Luttez pour entrer par la porte étroite, car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer et ne pourront pas » (Lc 13, 24).
Je me rappelle avoir lu l’histoire de cette sainte moniale, Claire de Montefalco (1268-1308), religieuse augustine, chez qui on découvrit à sa mort une croix, et même des clous et une lance dans son cœur. L’histoire peut paraître du folklore mais, en réalité, elle traduit une réalité spirituelle étonnante : chaque humain porte en fait la croix dans son cœur. Car, sur la Croix, le Christ a pris sur Lui tous nos péchés, nos morts, nos souffrances et nos enfers, et n’est-ce pas « du cœur en effet (que) procèdent mauvais desseins, meurtres, adultères, débauches, vols, faux témoignages, diffamations » (Mt 15, 19) ?
Le cœur humain est le lieu où, chacun.e, nous mettons le Christ en croix. Et quand Jésus nous demande de porter notre croix, il nous appelle à ouvrir cette porte étroite de qui se trouve dans nos cœurs. Bien sûr, nous y découvrirons le mal qui nous a été fait et qui s’est logé en nous comme un coup de lance. Nous y toucherons aussi tout le mal que nous avons fait à nos frères et sœurs et, tristement, à Dieu, le premier frappé en nous par le mal, Lui, l’Auteur de la Vie.
La porte est étroite parce que le mal est ce qui nous rapetisse le plus, nous fait sentir à l’étroit, car nous craignons la mort qui s’y cache, avec ses angoisses, ses humiliations, ses condamnations, ses abus,… Toutefois, si nous osons l’ouvrir nous découvrirons que cette croix est glorieuse. À peine entrouverte, si on consent à y entrer en vérité, un parfum s’en exhale, une Lumière s’échappe par l’embrasure de nos blessures, un Amour traverse tout et entraîne tout.
Si nous entrons dans notre cœur, nous faisons alors l'expérience et la rencontre de Celui qui est descendu du ciel, qui a pénétré le désert de notre cœur, parce qu’Il nous a été donné par le Père et déposé sur la croix en nous. L’Amour désirait tant « que le Fils de l’homme soit élevé » et, par Lui, que chaque homme et chaque femme « aient la vie éternelle » et puissent « monter au ciel ».
Seule cette expérience d’entrer dans ce qui nous semble irréparable en nous permet d’y découvrir le Fils en croix, crucifiés par, avec et en nous mais au nom d’un Amour qui ébranle tous nos doutes, toutes nos désespérances, toutes nos visions abolissantes de nous-mêmes... C’est au lieu même de l’inimaginable rencontre entre la mort et la Vie, la haine et l’Amour, les ténèbres et la Lumière que la foi surgit et dévoile ce secret caché en notre cœur. C'est au lieu de la porte étroite de nos haines où Jésus nous dit : « Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et sortira, et trouvera un pâturage » (Jn 10, 9). Il a changé la porte étroite du mal en la porte infinie de la Vie, porte qui s’entrouvre sur la gloire de Dieu.
