Évangile du jeudi 22 mai - 5e semaine de Pâques
« Demeurez dans mon amour pour que votre joie soit parfaite » (Jn 15, 9-11)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. »
Texte d'Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
La joie parfaite, c’est celle qui précipite à suivre le Christ, celle qui incite à demeurer en lui avec discrétion, pudeur mais avec une intensité irrépressible. En priant cette joie parfaite ce matin, des miracles vivants se succèdent devant moi. Des miracles comme autant de rencontres avec ce Dieu qui ressuscite, vitalise les racines et fait bourgeonner l’espérance. Je me rappelle cette mère croisée dans un hôpital pour enfants qui admirait avec un regard virginal son enfant trisomique faisant la roulade sur le plancher. Je me souviens du mariage de ce grand brûlé irradiant une joie à travers son visage complètement défiguré. Je revois encore l’accolade pleine d’amour d’un père envers son fils à la sortie de prison de ce dernier à la suite d’un crime d’une gravité terrible. Ces moments étaient tous empreints d’un surcroît qui dépassait mon intelligence, d’une présence qui rassasiait mon cœur, sans recours à des connaissances ni aux émotions épuisantes. Une beauté sans mot, non fardée et inédite qui commandait non pas une admiration mais une adoration dans le silence ainsi que la plénitude. Comme le baiser amoureux d’un parent, d’une mère envers son enfant. Comme le baiser du Père pour celui et celle en qui il a mis tout son amour.
Ces témoins plongés dans le vivant et l’intensité du don nous reflètent la joie démesurée et pure qui nous habite, déposée avant même la fondation du monde. Or, la joie irradiante de ces témoins du divin n’était pas destinée à être partagée; elle était toute à eux, juste pour eux. Une joie parfaite parce que c’était le secret de ce qui les liait à Dieu, à la fois béatitude et rassasiement secrètement tissés, secrètement donnés. Une joie imprégnée de l’inconditionnel du cœur maternel, de la confiance en l’inaccessible beauté de l’autre et de la discrète miséricorde d’un homme devenu véritablement père.