Non, laisse-moi, je t'en supplie ;En vain, si jeune et si jolie,Tu voudrais ranimer mon coeur :Ne vois-tu pas, à ma tristesse,Que mon front pâle et sans jeunesseNe doit plus sourire au bonheur ?Quand l'hiver aux froides haleinesDes fleurs qui brillent dans nos plainesGlace le sein épanoui,Qui peut rendre à la feuille morteSes parfums que la brise emporteEt son éclat évanoui !Oh ! si je t'avais rencontréeAlors que mon âme enivréePalpitait de vie et d'amours,Avec quel transport, quel délireJ'aurais accueilli ton sourireDont le charme eût nourri mes jours.Mais à présent, Ô jeune fille !Ton regard, c'est l'astre qui brilleAux yeux troublés des matelots,Dont la barque en proie au naufrage,A l'instant où cesse l'orageSe brise et s'enfuit sous les flots.Non, laisse-moi, je t'en supplie ;En vain, si jeune et si jolie,Tu voudrais ranimer mon coeur :Sur ce front pâle et sans jeunesseNe vois-tu pas que la tristesseA banni l'espoir du bonheur ?