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Description

Avant de commencer, voici le petit rappel pour aller lire le nouveau chapitre de mon roman Sonate. Hâte de savoir si tu l’as aimé. Si vous pouvez créer un compte pour pouvoir voter pour les chapitres, ça m’aide beaucoup à faire connaître le roman sur la plateforme à plus de personnes. Et dans l’optique de le signer en maison d’édition aussi :)

Prendre le temps de faire le point

J’espère que vous allez bien depuis le dernier épisode.J’espère que les fêtes de fin d’année se passent bien pour vous, que vous soyez seul·e ou accompagné·e. J’espère surtout que vous vous sentez aimé·e et que vous prenez soin de vous, à votre manière, avec vos moyens, votre énergie du moment.

Avant toute chose, j’ai envie de dire merci.Merci aux personnes qui sont toujours là malgré mon absence depuis le mois de septembre. Merci aussi aux nouvelles personnes qui nous ont rejoints ces derniers jours. Vous êtes quasiment 400 de plus, et ça me touche énormément. Merci d’avoir choisi de vous joindre à cette aventure avec moi.

Je vais prendre quelques minutes pour me représenter, parce qu’il y a des nouvelles personnes ici.Je suis Mauna Vigam, poétesse, romancière, animatrice d’ateliers d’écriture émotionnelle et podcasteuse. J’ai auto-édité deux recueils de poésie, Au-delà de nos maux et Tant que j’aimerai, qui se sont vendus à un peu plus de 2500 exemplaires depuis 2021. Et je précise souvent ce chiffre parce que la poésie reste un genre de niche : en général, on parle de tirages annuels à 100 ou 200 exemplaires. Donc oui, c’est beaucoup, et oui, j’en suis fière.

J’anime des ateliers d’écriture émotionnelle pour libérer les émotions, que ce soit lors de retraites, en groupe, dans des camps de lecture, en individuel, lors de retraites de yoga, et même parfois en entreprise. Ça m’est déjà arrivé.Ici, on parle d’écriture, de lecture, de bien-être et d’édition. Et mon roman contemporain Young Adult, Comète, publié en maison d’édition, sera en librairies en 2026.

Pourquoi cet épisode existe

Cet épisode se scinde en deux parties.La première est un bilan de l’année écoulée. La seconde est consacrée aux questions que vous m’avez posées en story. J’ai envie de faire ça plus souvent : vous poser des questions avant d’enregistrer, prendre le temps de m’arrêter, de réfléchir, plutôt que d’être toujours dans l’accélération et dans la course aux objectifs que je me fixe.

Merci à celles et ceux qui ont pris le temps de m’écrire. Vos questions sont vraiment intéressantes, et j’y réponds plus loin.

Comme d’habitude, l’épisode est aussi disponible au format écrit dans cette newsletter. Il suffit de vous abonner à Substack pour y avoir accès. Et j’en profite pour rappeler que, depuis Noël, je donne accès gratuitement à mon roman Sonate sur Wattpad. Si vous voulez le retrouver facilement, l’abonnement à Substack reste le plus simple. Et si vous pouvez créer un compte Wattpad pour commenter et voter, ça m’aide énormément : ça donne de la visibilité au texte, surtout dans un contexte où les personnes racisées sont encore largement invisibilisées.

Une année dédiée à l’écriture

Cette année, je me suis donné un objectif clair : prendre une année entière pour la dédier à l’écriture de ma trilogie contemporaine.Je dis trilogie parce que Comète est le roman principal, Sonate est le préquel, et Plume le séquel. Les trois tomes sont indépendants, on peut les lire dans le désordre, même s’il est évidemment préférable de commencer par Comète. On retrouve certains personnages d’un tome à l’autre, mais chaque livre peut se lire seul.

Mon objectif minimum était de terminer Comète, de trouver une agence littéraire, d’envoyer le manuscrit en maison d’édition et, avec un peu de chance, d’avoir des retours.Mon objectif “au-dessus”, c’était d’écrire aussi les deux tomes compagnons.Et l’objectif encore au-dessus, presque un rêve, c’était de commencer un quatrième projet qui n’a rien à voir avec cette trilogie et qui dort dans mes tiroirs depuis 2022.

J’ai atteint le deuxième objectif, et j’en suis extrêmement fière.🙌🏾

J’ai terminé Comète en janvier-février 2024. Je l’ai envoyé en agence littéraire en février. Après plusieurs échanges, le contrat a été signé début avril. Et j’ai rencontré mon éditrice quasiment dans la foulée. C’est un concours de circonstances assez incroyable, parce que normalement, on envoie des dossiers de soumission et on peut attendre des années sans réponse. Là, l’univers a mis sur mon chemin des personnes alignées avec mes valeurs, et je m’estime vraiment chanceuse.

Cette année a aussi été dédiée à Sonate et Plume. J’ai terminé Sonate et écrit une grande partie de Plume avant de partir trois semaines à Taïwan en novembre. Si vous me suivez sur Instagram, vous avez vu les bons moments comme les moins bons — notamment cet épisode où une touriste m’a touché les cheveux sans ma permission 😱. Rien que d’y penser, j’en ai encore des frissons.

Le travail invisible de l’édition

Avant de partir, j’avais un objectif très précis : finir la seconde réécriture de Sonate pour pouvoir envoyer les dossiers de soumission à mon agence et à mon éditrice. Un dossier de soumission, c’est un document qui contient des informations sur l’autrice, mais surtout sur le roman : sa nature, ses thématiques, la note d’intention, le message porté, les 7000 premiers mots et le synopsis complet.

Je tenais à envoyer ces dossiers avant mon départ pour que, pendant que j’étais en vacances, mon agence et mon éditrice puissent lire. J’ai eu leurs retours juste avant le Salon de Montreuil. Pour l’instant, je ne peux pas en dire beaucoup plus, si ce n’est que Sonate et Plume sont en recherche de signature 😌.

J’ai atteint mon objectif : écrire ces trois romans, dans des versions abouties. Et ça, c’est énorme 🚀.

Ce que cette année m’a appris sur mon écriture

J’ai appris que je déteste profondément les premiers jets.Tout est flou, indécis, et même si je sais où je veux aller, l’enchaînement des scènes me donne parfois l’impression que je n’y arriverai jamais. À l’inverse, j’adore la réécriture. Quand l’histoire est posée, quand je peux ajouter, retirer, modifier, mélanger les genres, trouver une forme qui me ressemble.

Sonate a été particulièrement compliquée. J’ai recommencé le premier jet quatre fois. Trop telenovela. Trop drama. Trop Netflix. Et derrière ça, il y avait aussi cette croyance que si c’était simple, ça n’intéresserait personne. En plus, c’était un roman en vers libres, avec une contrainte énorme de longueur : passer de 90 000 mots à 35 000.

J’ai compris que ma méthode pour ce type de texte était d’écrire d’abord l’histoire sans me soucier de la poésie, de faire valider l’intrigue par mes bêta-lecteurs et bêta-lectrices, puis seulement ensuite d’entrer dans un travail d’orfèvre poétique.

Écrire seule… et accompagnée

Cette année m’a aussi appris que j’aime écrire seule, mais que j’aime aussi écrire avec d’autres. J’ai eu deux partenaires d’écriture à des moments différents de l’année. Alors coucou Juliette, coucou Laura, si vous lisez ces lignes. Écrire à plusieurs moments de la journée, échanger, se sentir moins seule dans une activité aussi solitaire que l’écriture, ça m’a fait énormément de bien.

Je suis consciente aussi que j’ai beaucoup de chance. J’ai des proches compréhensifs : ma famille, mes ami·es, mon partenaire de vie. Même si je passais beaucoup de temps seule chez moi, je n’étais pas isolée émotionnellement. Et je sais que ce soutien-là change énormément de choses.

Deadline, fatigue et équilibre

J’ai appris que je fonctionne à la deadline. J’ai besoin d’impératifs pour avancer. Sinon, je procrastine. J’ai quand même fait des pauses, parfois longues, parce que Sonate m’a épuisée. Et j’avais sous-estimé certaines contraintes : le voyage à Taïwan, une formation en décembre pour préparer un retour au salariat.

Mais tout ça me confirme que j’ai bien fait de prendre cette année pour écrire. Le plus dur est fait : les premiers jets. Même si je reprends un travail salarié début 2026, la suite sera plus gérable.

Représentation, invisibilisation, prise de position

Cette année a aussi été celle où j’ai osé me positionner publiquement sur l’invisibilisation des personnes racisées dans l’édition. Tout est parti d’un moment très concret : aller en librairie et réaliser qu’il y avait très peu de romans contemporains français avec des personnages noirs en couverture, écrits par des auteur·rices noir·es français·es.

J’ai compris que ce que je lisais jusque-là était majoritairement des essais, des témoignages ou des traductions. Et j’ai décidé de parler. Parce que le contexte politique actuel rend le silence impossible.

Vos questions, sans filtre

Moment littéraire le plus poignant / émouvant cette année ?

Le moment littéraire le plus émouvant de l’année a été la signature de mon contrat, et surtout le moment où mon éditrice m’a contactée sur Instagram et m’a dit, moins de 48 heures plus tard, qu’elle voulait signer Comète.

Le deuxième moment marquant de l’année, ce sont toutes les rencontres que j’ai faites avec Laura Nsafou. Parce que c’est une autrice afroféministe que je suis depuis 2018, dont je lis le travail depuis des années, et qui a été l’une des premières, dans mon paysage à moi, à parler de l’invisibilisation des personnes racisées dans l’édition, notamment en littérature jeunesse, où le phénomène est encore plus criant.

Est-ce que l’écriture te vient facilement ou il faut se forcer un peu pour s’y mettre ? Est-ce que tu te mets dans un état d’esprit particulier pour écrire ?

La réponse est nuancée, et dépend vraiment de ce que j’écris.

Pour la poésie, oui, je me mets dans un état d’esprit particulier. J’essaie de me connecter à mes émotions, à ce que je ressens dans mon corps, à ce qui me traverse à ce moment-là. Souvent, ça passe par la musique. Je choisis des morceaux qui vont provoquer chez moi l’émotion que j’ai envie de transmettre : la tristesse, la nostalgie, la douceur, parfois même la colère.

Il m’arrive aussi de méditer ou de faire du yoga avant d’écrire, parce que ce sont des pratiques qui m’aident à apaiser le mental et à me rendre plus disponible à ce qui vient. C’est d’ailleurs pour ça que j’intègre des exercices de respiration et de visualisation dans mes ateliers : parce que je vois à quel point ça aide à entrer dans un état propice à l’écriture.

Pour les romans, en revanche, c’est différent. Je ne me mets pas dans un “mood émotionnel” particulier au départ. Je me connecte surtout à mes personnages, à l’histoire que j’ai envie de raconter. L’état émotionnel revient plutôt dans un second temps, quand je retravaille la langue, quand j’ajoute la dimension plus poétique.

Est-ce que je me force parfois ? Oui. Clairement.Cette année, je me suis fixé des deadlines, j’ai utilisé Scrivener (si tu as cherches une formation sur cet outil, dis-moi), je me suis donnée des objectifs de mots par jour. Et il y a eu des moments où j’ai écrit parce que je m’étais engagée à le faire, pas parce que l’inspiration était au rendez-vous.

Mais malgré ça, et c’est important pour moi de le dire, je passe quand même beaucoup plus de temps dans le plaisir que dans la difficulté. Même quand c’est dur, même quand je doute, écrire reste ce que j’ai envie de faire depuis que j’ai six ans. Il m’a juste fallu du temps pour m’autoriser à le faire maintenant, et pas “plus tard”, pas à la retraite. 👧🏾

Comment tu te sens pour la sortie de ton livre qui approche ?

Je me sens excitée. Vraiment.Mais il y a aussi une forme de pression qui monte, liée à mon perfectionnisme.

Je sais que je vais bientôt arriver à ce moment un peu vertigineux où je ne pourrai plus rien changer. Où il faudra rendre le manuscrit, avoir le go définitif de mon éditrice, et accepter que cette version-là soit celle qui sortira, avec tout ce qu’elle a de beau, mais aussi avec ses limites.

Il y a aussi quelque chose de particulier dans le fait d’écrire une trilogie. Même si les trois tomes peuvent se lire indépendamment, certains personnages circulent d’un livre à l’autre. Et je n’ai pas envie de me retrouver dans la situation de certain·es auteur·rices qui, arrivés au tome 5 ou 6, se rendent compte qu’ils ont oublié un élément important posé au début, ou qu’ils se sont enfermés dans une incohérence.

Je sais aussi que mon style va évoluer. Et je sais que, dans quelques années, je relirai Comète en me disant : “Ah… tu aurais pu faire mieux.”Il y a une Mahuna du futur qui regarde par-dessus l’épaule de la Mahuna d’aujourd’hui et qui lui met un peu la pression. Mais j’essaie de me rappeler que tant que je fais de mon mieux, avec les outils et la maturité que j’ai maintenant, c’est suffisant.🙂‍↕️

La seule manière d’être un allié cohérent c’est de renoncer à la médiatisation et à la publication ?

Cette question est complexe, et je comprends pourquoi elle a émergé.

Je pense qu’elle fait écho à ce que je dis quand j’explique qu’écrire des personnages racisés quand on ne l’est pas, dans le système éditorial actuel, ne réduit pas l’invisibilisation. Parce qu’à la fin de la journée, à qualité de manuscrit égale, le système va souvent privilégier une personne non racisée qui écrit des personnages racisés, plutôt qu’une personne racisée qui écrit des personnages racisés.

Ce n’est pas une attaque individuelle. C’est un constat systémique.

Ça ne veut pas dire que les personnes non racisées doivent renoncer à publier ou à être médiatisées. Ça veut dire qu’il faut se poser des questions, en amont : Pourquoi est-ce que je fais le choix de ce personnage ? Qu’est-ce que je raconte, et depuis quelle position ? Suis-je la personne la plus en capacité de porter cette histoire-là ?

Parler de racisme quand on ne l’a pas vécu, par exemple, pose question. Parce que, même avec la meilleure intention du monde, on prend la place de voix qui sont directement concernées et qui, elles, peinent déjà à être entendues.

Être allié·e, à mon sens, ça passe aussi par des choses très concrètes : lire plus d’auteur·rices racisé·es, diversifier ses bibliothèques, parler de ces livres, les recommander. Parce que le monde de l’édition fonctionne sur la demande. Tant que l’industrie pourra dire “ça n’intéresse personne”, elle continuera de justifier ses choix.

Que dirais-tu à toi enfant ? Et aux petites filles noires qui ne se sentent pas représentées ?

À la Mahuna enfant, je crois que je dirais simplement :“Je fais ce que je peux. Je fais de mon mieux. Et ce que tu imagines est déjà là. Et bien plus encore arrive.”

Pendant longtemps, je ne me suis pas sentie légitime. Ni pour écrire des romans, ni pour prendre la parole sur les sujets de représentation. C’est aussi pour ça que je pensais écrire “plus tard”, quand je serais plus vieille, plus sûre, plus “autorisée”.

Aux petites filles noires qui ne se sentent pas représentées aujourd’hui, j’ai envie de dire qu’on est là. Qu’on est de plus en plus nombreuses et nombreux à travailler pour que les choses changent. Que ça prend du temps, parfois trop, mais que ça avance.

Si j’ai aujourd’hui envie d’écrire de la littérature jeunesse, c’est aussi pour elles. Pour que, demain, elles puissent se reconnaître dans des histoires qui ne les réduisent pas à des rôles secondaires ou à des récits de souffrance.

Comment vas-tu concilier vie d’autrice et boulot salarié tout en prenant soin de toi ?

C’est probablement la question la plus délicate.

Si tout se passe bien, je vais reprendre un CDI début 2026. Parce que, très concrètement, la vie d’autrice ne paie pas les factures. Et même quand Comet sortira, la rémunération n’arrivera pas tout de suite.

J’ai déjà connu des périodes où je cumulais écriture et salariat, et j’ai vu à quel point ça pouvait être épuisant. J’ai frôlé le burn-out. Je le sais. Donc l’enjeu, cette fois, c’est de ne pas refaire les mêmes erreurs.

Si j’ai pris autant d’avance sur mes romans cette année, c’est aussi pour m’autoriser à ralentir ensuite. Pour me rappeler que c’est ok si tout n’avance pas au même rythme. Et pour me dire que j’ai déjà accompli quelque chose d’immense.

Mon mantra pour la suite, c’est vraiment celui-là : aller à mon rythme, être patiente et indulgente avec moi-même.

Et maintenant

Il va falloir concilier écriture et salariat, sans brûler la chandelle par les deux bouts. Mon mantra pour la suite : aller à mon rythme, être patiente et indulgente avec moi-même. Parce que j’ai déjà fait plus que ce que j’espérais.

Merci d’être là. Vraiment.La suite, on continue de l’écrire ensemble. 💛



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