⚠️ Cet épisode contient de gros spoiler !
🎬 Fiche technique
Waywards (ou le titre français : Indociles), est une série Netflix avec Tony Collette et Mae Martin sortie le 25 septembre 2025. Il s’agit d’un thriller d’environ 8x45min.
En 2003, Sous ses airs paisibles la petite ville de Tall Pines dans le Vermont, dissimule un sombre secret. Lorsque deux adolescentes tentent de s’enfuir d’une institution pour « ados en difficulté », la fameuse Tall Pines Academy, dirigée par la mystérieuse Toni Collette, elles croisent la route d’un jeune policier fraîchement arrivé. Ensemble, ils vont découvrir que les ficelles du pouvoir, de la manipulation et du silence sont bien plus profondes qu’elles n’y paraissent…
Le contexte
* La série est produite par Sphere Media, en collaboration avec Objective Fiction.
* Créée et incarnée par l’humoriste non-binaire Mae Martin, déjà dans la série Feel Good. Mae Martin est créatreur.ice, show-runner et acteur.ice principal.e.
* La réalisatrice est Euros Lyn (Heartstopper Seasons 1 and 2).
Au casting : Toni Collette (Evelyne), Sarah Gadon (Laura), Sydney Topliffe (Abbie), Alyvia Alyn Lind (Leila), Brandon Jay McLaren, ou encore Patrick J. Adams.
📍Le tournage a principalement eu lieu en Ontario (Canada), notamment à Millbrook, comté de Peterborough.
Origine & Adaptation : Le scénario s’inspire partiellement de la « troubled teen industry » (ces institutions souvent controversées pour adolescents), de sectes ou mouvements d’auto-aide des années 70, comme Synanon, et d’expériences personnelles de l’auteur d’après l’Eclaireur et le Hollywood Reporter.
Accueil & audiences : La presse française note un succès rapide sur Netflix, s’installant dans le top 10 de la plateforme dans plusieurs territoires. À l’heure actuelle, aucune annonce officielle pour une saison 2, bien que les créateurs et certains acteurs soient intéressés.
🔎 Analyse
L’Arène
L’un des aspects les plus fascinants de Wayward, c’est son arène : Tall Pines. Pas une simple ville, mais une expérience sociale fermée. Une communauté autosuffisante où personne n’a d’enfant biologique, où chaque adulte “adopte” un élève de l’Académie. En supprimant la filiation, la ville efface la mémoire et neutralise la révolte.
La Thématique : le conformisme sous toutes ses formes
La série cherche à parler du conformisme, et de la difficulté à s’en libérer. Mais le message se dilue souvent dans le plot et les rebondissements.Wayward explore plusieurs types de conformisme : Parental, Amical, De couple et Sociétal.Il me semble que le message que la série souhaite faire passer est que se libérer du conformisme demande une volonté immense. Beaucoup préfèrent s’y soumettre, car être enfermé dans une cage reste plus rassurant que la liberté et la solitude.On a donc un récit sur l’émancipation qui pose la question : comment devenir soi-même, même quand tout pousse à rentrer dans le rang.
Structure : une série Arena Driven déguisée en Plot Driven
Pour moi, Wayward coche toutes les cases de l’Arena Driven, mais Netflix a cherché à la rendre plus “bingeable” : ajout d’un mystère central, d’arcs psychologiques individuels, cliffhangers et twists.Or, tout se joue dans l’arène de Tall Pines (un écosystème fermé où chaque disparition est remplacée), le conflit est avant tout idéologique ; il y a plusieurs clans : les anciens (Evelyne, Laura), les élèves (Leila, Abbie), les observateurs (Alex, les habitants).On aurait aimé que la série assume totalement sa logique d’arène et qu’elle explore davantage la ville, la secte, Evelyne, son passé et son idéologie.
Le Moteur Sériel
Le moteur repose sur : le mystère (comprendre ce qu’est vraiment la Tall Pines Academy) et le dévoilement intérieur (jusqu’où les personnages iront pour rester du “bon côté du miroir”).Chaque épisode enlève une couche du mensonge collectif, forçant un personnage à choisir entre conformité et désobéissance, dans une arène qui récompense l’obéissance. Et la peur du vide ramène toujours les personnages à leurs chaînes.
Les 3 Arches
* 👭 Leila & Abbie : deux adolescentes rebelles, liées par la peur et la culpabilité. Arche du coming-of-age : apprendre la liberté et la solitude.
* 🤰 Laura & Alex : un couple hanté par le passé. Arche psychologique : culpabilité, déni, quête de normalité.
* 🏫 Tall Pines & Evelyne : le système lui-même. Arche idéologique : quand le ‘soin’ devient contrôle.
Point de vue & narration
Ligne adulte : Laura & Alex, thriller psychologique / Ligne adolescente : Leila & Abbie, récit sensoriel et instinctif. Deux temporalités, deux prisons, deux reflets d’un même système. L’effet miroir fonctionne, mais brouille parfois le point de vue, qui s’éparpille
Ce qui fonctionne
* Toni Collette, formidable dans son rôle.
* Une ambiance unique et une esthétique maîtrisée entre Big Little Lies et The Truman Show.
* Une vraie réflexion sur la filiation, le contrôle, et les techniques de manipulation sectaire.
* Des scènes fortes :
* la montée de la montagne (type Hunger Games) où la gagnante a le choix d’être libre mais finit par remonter dans le bus par peur de cette liberté et de la solitude,
* la scène à la Midsommar où le couple est dépossédé du bébé qui appartient maintenant à la communauté, et où ils finissent par tous se serrer dans les bras à moitié nus.,
* Alex qui s’imagine en train d’échapper à la cage, de se sauver avec Abbie et l’enfant mais qui en fait est resté figé.
Ce qui fonctionne moins
* 🕓 Rythme inégal : lenteur hypnotique (épisodes 2–4), fin précipitée.
* Symboles trop appuyés (grenouilles, porte, lumière) sans réelle clarté.
* Revirements peu motivés et trop rapides (Alex, Leila).
* Evelyne, passionnante mais sous-exploitée.
* Plus conceptuel qu’émotionnel : on réfléchit beaucoup, on ressent peu et on reste frustré sur la fin.
Conclusion
Wayward (Les Indociles) est une série fascinante mais inégale. Une fiction d’arène non assumée pleinement, qui explore le conformisme, la culpabilité et la peur d’être soi.