Rien n’est gratuit dans la vie.
On croit qu’on peut s’en tirer à bon compte.
Qu’on peut semer derrière soi les coups bas, les lâchetés, les mots qu’on n’aurait pas dû dire — et ceux qu’on n’a jamais eu la force d’hurler.
On croit qu’on peut avancer sans payer l’addition.
Mais la vie a sa propre comptabilité.
Implacable.
Elle te rattrape toujours.
Tu fais du mal ? Ça revient. Pas tout de suite, pas là où tu l’attends, mais ça revient.
Sous une autre forme, un autre visage.
Un boomerang bien affûté qui te revient en pleine gueule, juste au moment où tu pensais être tiré d’affaire.
· · ·
Les conseillers ne sont pas les payeurs.
Toujours quelqu’un pour te dire quoi faire, toujours une bouche pleine de certitudes qui n’a jamais eu à payer le prix de ses propres conseils.
Ceux qui te disent : “Il faut”, “Tu devrais”, “À ta place, moi…”
Ceux-là, bizarrement, ne sont jamais à ta place.
· · ·
Et puis il y a ceux qui tortillent du cul pour chier droit.
Les grands stratèges de la tergiversation.
Ils tournent autour du pot avec l’élégance d’un chat qui n’ose pas poser la patte sur un carrelage mouillé.
Ils calculent, ils temporisent… et pendant ce temps-là, la vie leur passe sous le nez.
Moi, j’ai plus le temps de tortiller.
Je l’ai compris tôt.
À huit ans. À dix ans.
Quand on m’a arraché ce que je croyais acquis.
Deux abandons.
Deux fois le même prénom.
Comme si le sort s’amusait à me refaire la même blague.
· · ·
Il y a ceux qui demandent encore pourquoi.
Moi, j’ai juste appris à encaisser.
Parce que rien n’est gratuit, pas même l’amour qu’on n’a pas reçu.
Alors j’écris.
Pour que tout ça ne fermente pas dans un coin de ma tête.
Pour envoyer mon propre boomerang.
Pour inverser le courant.
J’écris pour que, peut-être, un jour, tout ça ait un sens.
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