Depuis que je suis né, j’ai cherché une mère’Pas une sainte’ pas une héroïne’Juste une femme présente, fiable’Un regard qui t’accueille sans condition’Une mère pour moi’ pas pour l’homme qu’elle aimait’
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Cette mère-là, je ne l’ai jamais rencontrée’Elle a fait le nécessaire : la santé, la propreté, la survie’Mais derrière ce minimum vital’ il n’y avait rien’Elle m’a élevé entre ses déceptions sentimentales’Ses cris, ses chagrins, ses renaissances bricolées’J’étais là, au milieu du champ de ruines’Spectateur de sa vie’
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Je n’ai jamais été un petit garçon’J’étais son confident’Son écoute gratuite’Un enfant trop grave pour sa taille’Puis j’ai fini par m’éloigner’Non par haine’ mais par instinct de survie’
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Pendant des années, j’ai cherché à comprendre’À mériter’À obtenir sa validation’J’ai cru qu’un jour elle me verrait’Qu’elle me dirait : “Je t’aime, mon fils. Tout simplement.” “”Mais l’amour, le vrai, ne se mendie pas — il se reçoit’
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Quand un parent est défaillant’on passe sa vie à ramasser les miettes’Des miettes d’attention’ des miettes de gestes’ des miettes de regard’Et parce qu’on a tellement faim’ on finit par confondre les miettes et le pain’On croit être nourri — on ne fait que survivre’’
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C’est là que commence le piège’On appelle ça “fusion” pour donner un nom plus noble à la dépendance’Mais ce n’est pas de la fusion — c’est une aspiration vers le bas’Ce lien-là n’élève pas — il avale’Il ne relie pas — il confond’Et pendant des années’ on croit aimer alors qu’on s’accroche juste à la main qui nous retient de tomber’
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J’ai commencé à guérir le jour où j’ai arrêté de regarder ma mère avec des yeux d’enfant’Le jour où j’ai cessé de chercher, en elle, ce qu’elle n’a jamais su donner’Avant d’être une mère, elle était une femme — faillible, épuisée, coincée dans son propre manque’Et ce jour-là, j’ai compris :ce n’était pas moi qui manquais d’amour’c’était elle qui manquait de capacité’
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Alors j’ai lâché’Pas par rancune’Par lucidité’Parce qu’on ne peut pas attendre d’un cœur qu’il batte autrement qu’il ne sait le faire’
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Aujourd’hui, je la regarde sans colère’Comme une personne, pas comme une figure’Et je me regarde, moi, enfin en adulte’Plus en enfant cherchant l’approbation’Mais en homme capable d’aimer sans mendier’’
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C’est ça, grandir’Rompre avec la fusion qui abîme’Et apprendre à respirer debout’Avec son propre souffle’”“”“
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