Il y a longtemps que j’aurais dû t’écrire.
Mais les mots, parfois, brûlent plus que le silence.
Alors j’ai attendu.
J’ai attendu que le chagrin prenne une forme supportable, que l’amour redevienne audible, même à distance.
Tu vois, ma sœur, ce n’est pas moi que tu fuis quand tu claques les portes — c’est toi-même.
. . .
Tu crois qu’il suffit de pleurer pour se libérer, mais tu t’enfermes dans tes propres larmes.
Tu dis que cette année devait être belle, et tu en veux au monde de ne pas tenir parole.
Mais ce n’est pas le monde qui t’a trahie — c’est ton histoire, qui te colle encore à la peau.
. . .
Je t’ai observée, et je vois bien la fatigue de ton compagnon.
Il t’aime, mais il ploie.
Ce n’est pas l’amour qui l’épuise, c’est le poids de tout ce que tu refuses de déposer.
Tu veux guérir sans regarder d’où vient la plaie.
. . .
Mais tant que tu n’auras pas affronté le regard de papa et maman, ni reconnu la tempête qu’ils ont laissée en toi, tu tourneras dans la même chambre fermée, la tienne.
Je ne t’en veux pas.
Je t’aime trop pour ça.
Mais je ne peux plus porter pour deux.
. . .
Je ne peux pas combattre à ta place, ni t’offrir le déclic que seule la douleur sait donner.
Ton corps a commencé à parler pour toi — la tension, les palpitations, les maux.
Il dit ce que ton âme tait : je suis fatiguée d’espérer à travers les autres.
. . .
Alors je t’écris pour te dire : deviens égoïste.
Pas par méchanceté — par survie.
Ferme-toi au vacarme, trouve ton cocon, apprends à t’aimer sans public.
. . .
Un jour peut-être, tu te regarderas enfin sans peur, sans devoir, sans honte.
Et ce jour-là, tu comprendras que tout ce que je t’ai écrit, ce n’était pas un reproche —
c’était une prière.
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