Claire Larras a choisi le nom de Chien fou, un nom qui sonne drôle et inquiétant à la fois, comme pour accueillir et mettre sur ses gardes au même instant qu’on le prononce. Chien fou dessine et tatoue sans machine des animaux en aplats noirs, aux yeux en amandes comme une percée dans la peau, comme on découperait un pochoir au scalpel. Il y a des mains qui enlacent, des serpents qui rampent sur les torses et les chevilles, des constellations, des fleurs et des flammes. C’est foisonnant de poésie, ça sent la nuit, la bougie, le pelage mouillé. Son métier c’est de laisser des traces sur les corps, de les marquer définitivement, son métier c’est de toucher, de prendre soin des morceaux de peaux et d’histoires dévoilées et d’y tracer minutieusement, point par point, des images. Alors on se dit qu’il faut une sacré dose de douceur et de bienveillance pour s'immiscer sous l’épiderme des autres et une sacré dose d’humilité pour accueillir et retranscrire en se faisant oublier.