Aux éditions Glénat ce mois-ci, une nouvelle bande dessinée des auteurs de L’Abolition, intitulé L’Enfer est vide, tous les démons sont ici, une réflexion sur la peine de mort qui s’insère cette fois-ci dans un cadre historique propice au débat et à la discussion en posant la question des limites. Y a-t-il une exception à l’abolition de la peine de mort pour une société s’il s’agit du pire de ses bourreaux ?Parce que le pire des bourreaux c’est Adolf Eichmann, l’un des grands architectes de la « solution finale » mise en place par le IIIe Reich. Après la guerre, celui parvient à s’enfuir en Amérique du Sud où des agents du Mossad, les services secrets israéliens, le capturent en 1960. Son procès à Jérusalem, l’année suivante, est un événement historique : pour la première fois, les juifs vont eux-mêmes juger officiellement un de leurs bourreaux. Le monde entier a le regard braqué vers la capitale israélienne et les caméras filment l’ensemble de la procédure, du jamais vu. Ce procès judiciaire d’une forte ampleur médiatique et historique - mais également politique - s’enrichit de débats intellectuels, comme le travail d’Hannah Harendt sur la « banalité du mal ». Dans ces mois difficiles, une leçon d’humanité doit passer. Passera-t-elle par une condamnation à mort d’Adolf Eichmann ? L’exécution de celui qui s’est employé à organiser l’extermination de millions d’êtres humains a-t-elle un sens ?Les 3 protagonistes de cette BD signée Marie Bardiaux-Vaïente et Malo Kerfriden , Jeanne, Shimon et Hannah, tous trois présents en tant que journalistes pendant les audiences, s’interrogent.Et c'est également le cas du lecteur que nous sommes en lisant cet ouvrage, avec ce débat passionnant sans que pour autant on ait le moindre doute sur la légitimité, sur la nécessaire sanction. La scénariste Marie Bardiaux-Vaïente a travaillé de façon remarquable un sujet d’exception, en y intégrant une écriture à la fois documentaire et de fiction...