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Description

Contexte :

Observez ou imaginez. Aujourd’hui le medium n’est pas un tableau mais une gravure, celle d’un personnage littéralement scindé : la partie gauche de son corps est vêtue en femme de la haute société, à la mode du 18e siècle, parée d’une robe cintrée au corsage baleinée, taillée dans un tissu de brocart, les manches gonflées par les étages de tissus, de dentelles et de tulles. La riche parure vestimentaire se termine par une coiffure verticale, architecturée, surmontée d’une plume.

La partie droite de ce même corps est vêtue en gentleman, toujours à la mode du 18e siècle : manteau trois quart, gilet boutonné, culotte courte, une épée à la ceinture, et, détail important, une distinction se laisse apercevoir à la boutonnière de sa veste. Il s’agit de la croix de l’ordre royal et militaire de saint Louis. Ce drôle de personnage, clivé dans son apparence, renvoie à une double identité détaillée dans la légende de l’image. Il y est inscrit : Mademoiselle de Beaumont ou Chevalier D’Éon, Femme ministre plénipotentiaire, Capitaine des dragons. Voilà qui a de quoi intriguer. Deux moitiés de personnes pour un même corps, deux identités et deux titres pour un seul et même visage.

Pourquoi cette double apparence ?

Charles d’Éon de Beaumont dit le chevalier d’Éon est un personnage extravagant. Diplomate, homme de lettres, il devient surtout espion du Roi Louis XV et adepte du travestissement. Sa première mission d’infiltration a lieu en juin 1756. C’est le début de la guerre de sept ans qui oppose la France à l’Angleterre. Charles de Beaumont est envoyé en Russie à Saint Pétersbourg. Son objectif : obtenir ce qu’aucun ambassadeur n’avait obtenu : l’alliance de la Russie avec la France contre l’Angleterre. Il se déguise en femme, devient lectrice de la tzarine Élisabeth, adoucit sa méfiance et la convainc de se rallier à la France. A son retour, Charles d’Éon de Beaumont est nommé Capitaine des Dragons par Louis XV. A la f...