Avec Capucine Bremond, maître de conférence
On entend souvent parler d’autodidactes, et on ne sait jamais vraiment quoi faire de cette information.
Si l’on peut s’accorder à dire que l’autodidaxie se fait hors des circuits scolaires classiques, non, l’autodidacte n’apprend pas seul. Ses maîtres, ses guides, ses sourciers, pour citer le sociologue Claude F. Poliak, car il y en a toujours des maîtres des guides et des sourciers, ne sont simplement pas des enseignants scolaire habilités.
En fait, l’autodidacte est celui dont les connaissances ne sont garanties par aucun diplôme, aucune étiquette sur le front pour rassurer ses interlocuteurs. Par extension, il va devoir les défendre seul. Genre “tu as fais quoi comme étude pour savoir faire ça ?” la question typique. Et donc pour y répondre, est-ce que l’on va prendre le risque d’admettre que l’on a appris seul au risque de délégitimiser sa production ? Poursuivi par son manque de légitimité, on entend dans le ton de cet autodidacte un ton de revanche, sur la vie, l’univers ou peut-être le reste.
Ça le caractérise parfois.
On en fait même des gimmicks, comme je me suis fait tout seul. Raccourci absurde. Se faire différemment chacun peut l’entendre, mais si même Mooglie a eu recours à des loups pour parfaire son éducation, souffrons que l’humain soit un animal social.
Mais bon c’est vrai que dans le regard qu’on porte sur tout ça, et ça c’est Philippe Carré qui le met en avant, on est un peu resté bloqué sur le mythe de Robinson Crusoë jusqu’à tard, jusqu’aux années 1980.