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Description

En plateau

Hamit Bozarslan, historien et sociologue du fait politique, l’un des meilleurs spécialistes du Moyen-Orient, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), publie Le temps des monstres. Le monde arabe, 2011-2021 aux éditions La Découverte.

Contexte

En 2011, d’impressionnants soulèvements populaires contre les dictatures ont bouleversé le monde arabe. Observant ces configurations révolutionnaires, Hamit Bozarslan constate que les sociétés concernées en Tunisie, en Egypte, en Syrie) étaient en demande de démocratie et ouvrant un horizon d’espoir proposaient un regard critique sur le passé. Ni partisane, ni eschatologique, la contestation révolutionnaire était démocratique : un refus de l’autoritarisme, de la kleptomanie, du capitalisme de connivence, mais aussi de la violence (paramilitaire, milices, escadrons, mafieuse, etc.) existant à la marge des sociétés, mais minant cette dernière. Il n’était pas question d’inventer un nouveau modèle social, mais de faire entrer les sociétés arabes dans une démocratie consensuelle et dissensuelle, reposant sur la certitude de l’État de droit et l’incertitude démocratique (concept mis à jour par le philosophe Claude Lefort).

À ce temps révolutionnaire de 2011, à la joie et l’espoir qu’il a fait naître, a répondu la terreur et la violence des régimes autocratiques. Dix ans après ces printemps arabes et les répressions qui s’ensuivirent, sans oublier les guerres civiles en Lybie, en Syrie et au Yemen, quel regard porter sur ces événements récents ? Pourquoi écrire à l’épreuve du temps ? En quoi est-ce à la fois un risque et une nécessité ? Comment l’analyse à chaud, année par année de cette décennie, permet de rendre compte de la multiplicité des dynamiques à l’œuvre, sans en occulter aucune ? Dynamiques émancipatrices en 2011 ; radicalisation des processus destructeurs en œuvre au Moyen-Orien...