À l'écoute du silence et en présence de notre Étoile intérieure, chaque instant nous ouvre une fenêtre d'éternité.
Ma conscience s'est ouverte à la noirceur de la nuit, diluée dans la profondeur du silence.
L'obscurité est telle que je dois clore à nouveau mes paupières, pour voir.
Il me suffit de sentir la joie simple et spontanée de mon cœur, pour réaliser que l'énergie de sa tranquille présence n'a pas varié d'avec celle qui m'habitait avant que le sommeil ne m'emporte, et la reconnaissance qui grandit maintenant, ravive ce lien.
Je me prépare en vitesse, change de pièce, mets mon ordinateur en marche et rejoins la mosaïque souriante de notre groupe de méditation. Une fois passée la courte et savoureuse séquence d'accueil bienveillant des uns aux autres, nous commençons notre temps de partage du silence, en quête d'unité.
Je détourne les velléités de captation de mon intellect en fixant mon attention sur elle-même, par la conscientisation des points de contact de mon assise, tout en m'assurant de l'alignement de ma posture, observant ma respiration et jaugeant le débit, la fluidité et la chaleur comparés de l'air qui me visite, dont je tente de suivre le voyage jusque dans mes centres d'énergie.
Après quelques minutes, je me retrouve dans l'état exalté de conscience, ouverte sur elle-même, où le temps disparaît et le mental s'éteint.
La paix est vivante.
Je la ressens comme la présence sereine enveloppant tout ce sur quoi ma conscience s'expanse, au-dedans, au-delà de mon corps, et des murs, et de l'espace.
Je concentre mon attention sur l'énergie-amour qui règne, et veille à ce qu'elle ne soit pas le fruit de pensées illusoires, mais bien le flux réel et ressenti dans lequel je me fonds, et qui m'identifie.
Je suis prêt à recevoir l'enseignement qui, ici, parle en moi, tel qu'un fluide ardent coule et m'illumine dans la verticalité, jusque le haut du crâne érigé vers le ciel, jusqu'à la pointe de ma colonne orientée au sol.
Mon esprit, à présent, est à sa juste place de beauté, de droiture et de sécurité. Sa signature universelle s'inscrit à jamais dans les milliards des plus infimes particules. Sa pureté est le fond de mon Âme auquel rien absolument ne peut être retiré, ni ajouté.
Je suis au-delà de toute conception
hors de toute frontière.
La lumière éternelle est l'esprit de ma substance, autant que la substance de mon esprit, l'étoile d'où je viens, là où je suis et où je vais. Elle est ma véritable quête, car c'est elle qui me cherche à chaque fois que les tribulations de l'existence m'en écartent. Dans ces moments, l'ayant même oubliée jusqu'à la méconnaître, mon manque d'elle devient le déchirement rémanent qui me jette sur tous les substituts d'illusions et de limitations, lesquels, non seulement ne me la rendent pas, mais, au contraire, m'en privent davantage. La douleur induite réveille le souvenir salutaire de mon origine qui se rappelle à moi.
À présent, tout cela est loin. J'incarne la nature de cet amour dans le monde, loin de tout sentiment d'appartenance.
L'idée de danser de nouveau au tempo de l'effroi, de l'infamie et de la fascination, m'apparaît impensable, tant mon être se reconnaît au cœur de la grâce et rayonne de gratitude, mais il se trouve que malgré moi cette idée me traverse et que je ne suis pas dupe.
Ici et maintenant, la beauté du silence de l'aube, sa mélodie, son empreinte, son parfum et sa saveur gardent en moi les attributs de paix et de joie pures et sans objet signant l'immuable sourire du fidèle esprit qui m'irradie.
Puisse Sa lumière demeurer dans ma conscience, jalonner et éclairer ma journée. De sorte que, quels que soient les causes et les effets de l'environnement et du remous des autres, mon centre garde sa stabilité et y soit protégée et préservée la félicité de la plénitude si solidement établie et ancrée en moi en cet instant. Même si mon expérience pluri-quotidienne atteste immanquablement, qu'elle finit par s'estomper (...)
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Texte déposé ©Renaud Soubise
Musique : ©Beethoven's Silence