Parmi les conseils techniques que Freud formule à l'usage des psychanalystes, il aborde aussi la très sérieuse question de l'argent. Il écrit « l 'analyste ne conteste pas que l'argent doive être avant tout moyen de vivre et d'acquérir de la puissance, mais il prétend qu'en même temps d'importants facteurs sexuels jouent leur rôle dans l'appréciation de l'argent et c'est pourquoi il s'attend à voir les gens civilisés traiter de la même façon les problèmes d'argent et les faits sexuels, avec la même duplicité, la même pruderie et la même hypocrisie. C'est pourquoi le médecin décide de prime abord de ne
pas abonder dans ce sens mais de traiter les questions d'argent avec autant de franchise naturelle qu'il en exige lui-même de son patient en ce qui touche à la sexualité. En parlant volontairement de ses honoraires, en évaluant le prix du temps qu'il consacre à son malade, le médecin montre qu'il renonce à toute fausse honte Freud indique aussi que dans toutes les manifestations de l'inconscient, rêves, symptômes ou actes manqués, les concepts d'excréments, d'argent et de cadeaux ainsi que celui de pénis et d'enfant « se séparent mal et s'échangent facilement entre eux ». Il parle à leur propos d'une grande équation symbolique déterminante non seulement dans la fabrication des symptômes mais dans le choix des identifications sexuées, comme homme ou comme femme.
Cette équation symbolique on la retrouve aisément dans chacune des cinq psychanalyses notamment dans celle de l'Homme aux rats où il avait posé comme équivalent monétaire Un rat égal un florin, au cours du déploiement de son grand délire obsessionnel. On la retrouve aussi bien dans l'analyse de Dora où elle évoque le peu de fortune de son père qui est en somme la métaphore de son impuissance sexuelle auprès de madame K.
Mais si cette question de l'argent nous porte au cœur du noyau incandescent de la névrose, comment alors résoudre les difficultés que posent la gratuité ou le remboursement des séances de psychanalyse par la sécurité sociale. La question reste grande ouverte avec le risque, pour l'analysant, de devoir continuer à payer, comme on dit, « en nature » au lieu de payer en argent.
En guise de conclusion, pour parler d'or, peut-être faut-il aussi parler d'argent !
J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des
premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de ces textes développés. ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )
Liliane Fainsilber
Musique : Sincerity par Glowing Palace
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