Avec la chronique de Guillaume Sébastien.
L’exposition que consacre actuellement le musée d’Orsay au peintre norvégien Edvard Munch (1863-1944) est splendide. Pour la première fois en France, elle montre, sous la forme d’une rétrospective très aérée (attention quand même : beaucoup de monde), la puissance de l’œuvre du peintre dont la vie et l’œuvre se sont confondues. Munch est marqué très tôt par la maladie et la mort : la mort de sa mère (il avait 5 ans), celle de sa sœur ainée (il en avait 13)… Le tableau « L’enfant malade » de 1896 qui peint cette scène est poignant. Munch apprend la peinture avec sa tante qui l’élève. Décide d’être peintre à 16 ans, contre l’avis de son père. Part à 22 ans à Paris où il voit les peintres impressionnistes. Voyage beaucoup en Europe, en Allemagne, en Autriche, où il expose avec le groupe de la Sécession de Klimt.
Bien avant lui, il peint un magnifique « Baiser » présenté dans l’exposition. Munch, écorché, blessé, doué et très ambitieux, veut explorer l’âme humaine : « On ne doit plus peindre d’intérieurs, de gens qui lisent et de femmes qui tricotent. Ce doit être des personnes vivantes qui respirent et s’émeuvent, souffrent et s’aiment ». A Orsay, les tableaux ne sont pas accrochés de façon chronologique, mais en une sorte de frise pour signifier le cycle perpétuel de la vie et de la mort, sujet du peintre. « Le cri », l’œuvre emblématique mais réductrice, n’est présent que sous la forme d’une gravure. L’œuvre de Munch est interrogée et on la (re)découvre. Car il y a aussi des tableaux colorés, des paysages de neige et des ciels bleus, des commandes de son mécène pour décorer les chambres de ses enfants, des œuvres lumineuses de la fin, des autoportraits à couper le souffle. Munch mourut honoré, fortuné et, semble-t-il, plus apaisé. Bien qu’il connut le temps où ses tableaux, peintures de l’âme, furent classés « dégénérés » par les nazis…
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