Sans aucun doute, la planète rouge était autrefois une planète habitable ! Mais fût-elle habitée ? Sans prendre beaucoup de précautions, tout récemment, l’administrateur par intérim de la Nasa s’est engouffré dans la brèche d’une publication scientifique prestigieuse pour affirmer la détection par le rover Perseverance de « potentiels signes de vie » sur Mars. Un emballement préjudiciable à une découverte subtile, originale, co-signée par des chercheurs français, qui interroge l’origine de structures minérales parfois associées, sur Terre, à la l’existence de colonies de micro-organismes comme des bactéries. Sans nul doute l’exploration robotique de la quatrième planète du Système solaire vient de franchir un cap. Et les géologues peuvent aujourd’hui affirmer, à l’aide des robots qui explorent sa surface depuis le début des années 2000, qu’il y a plus de 3,5 milliards d’années Mars offrait des conditions propices à l’apparition et, qui sait, au développement de la vie. Dans la zone du cratère Jezero où a atterri le robot Perseverance, il y a maintenant quatre ans, les chercheurs ont découvert pour la première fois du quartz, qui conforte l’hypothèse d’une circulation d’eau. De l’eau qui a imprimé sa marque en surface par des galets, de l’argile, et les traces d’un ancien fleuve qui alimentait le cratère dans lequel fouillent les pilotes du robot. Plus que jamais la planète au passé aquatique fascine et interroge : ces conditions ont elles pu laisser une chance à la chimie du vivant de s’amorcer ? De quelles preuves solides, incontestables, pourrions-nous disposer pour l’affirmer ? La réponse est dans le mille-feuilles sédimentaires que fouillent les planétologues en rêvant… d’un futur retour d’échantillons.
L’invitée : Agnès Cousin est géologue, astronome adjoint à l’IRAP de Toulouse, co-responsable de l’instrument SuperCam, la caméra laser du rover Perseverance sur Mars. Elle est co-autrice de l’étude publiée récemment dans Nature, qui a été présentée par la Nasa comme « une avancée majeure dans la quête de vie », et travaille sur l'analyse des compositions des roches de Mars afin de mieux comprendre l'évolution des planètes telluriques. Elle est aussi membre du groupe Système solaire au CNES.
Les Grands entretiens de Ciel et espace sont réalisés en partenariat avec le Club des chercheurs de la Fondation Victor Lyon de la Cité internationale universitaire de Paris, le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, animés par Alain Cirou.
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