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Description

André Forcier (né Marc-André Forcier) est un réalisateur et scénariste québécois. Son œuvre, que plusieurs rattachent au réalisme magique sud-américain par les éléments de fantaisie qu'elle contient, est pourtant fortement ancrée dans la réalité du Québec. En fait, on y verra plus justement un des seuls liens existant actuellement entre la culture orale du Québec populaire et le cinéma québécois. Contrairement à Pierre Perrault qui observe les manières, la façon, les paroles d'un Québec fier, indépendant et profondément rural, et cela pour les anoblir, Forcier accepte la « bâtardisation » nord-américaine de sa société, tout en soulignant la vivacité de l'imagination populaire.

D'aucuns divisent l’œuvre de Forcier en deux périodes, plus ou moins confidentielles. La première, qui va de Bar salon (1973, Sirène d'argent au festival de Sorrente) à l'étonnant Au clair de la lune (1982), peut-être l'un des plus beaux films d'hiver québécois, en passant par son film-phare, le film de famille truffaldo-faraldien L'Eau chaude, l'eau frette (1976), se signale donc par ce mélange assez unique dans le cinéma québécois et même, dans le cinéma mondial. Après un premier court à l'âge de vingt ans (Chroniques labradoriennes), Forcier tourne vite et avec les moyens du bord, un premier long Le Retour de l'Immaculée Conception (1971). Son ton caustique et son univers fantasque peuplé de marginaux rabelaisiens (tant la langue a son importance), attachants ou hauts en couleur en butte avec le monde réel, s'installent très vite.

A partir de Kalamazoo (1988), considéré partout comme un point d'orgue de ses thématiques précédentes, la poésie a tendance a transfigurer le réel le plus cruel (et toujours profondément enraciné dans la culture de son pays) au sein d'un imaginaire débridé, ce qui lui vaut une reconnaissance critique unanime et lui permet d'atteindre un plus grand public. Il obtiendra son premier grand succès public en 1990 pour Une histoire inventée. Il se fait de plus en plus audacieux et même surréaliste. On pourrait tout aussi bien diviser son œuvre entre "avec Jacques Marcotte" (son complice indéfectible et scénariste de puis ses débuts) et "après Jacques Marcotte", d'autant que le ton se fait plus autobiographique et personnel après La Comtesse de Bâton-rouge (et même si L'eau chaude, l'eau frette, l'était déjà fortement...) avec un personnage interprété par Robin Aubert qui rappelle la jeunesse du futur auteur Forcier. Il diversifie les styles (le documenteur Acapulco gold), déroutant parfois ses fans mais sans jamais cesser d'être passionnant, iconoclaste ou carrément rock'n roll. Il retrouve son public avec le road-movie décalé Les États-Unis d'Albert (2005), où un comédien québécois tente la carrière hollywoodienne. Il tourne en 2009 le révolté Je me souviens, film d'époque social filmé dans un austère noir et blanc qui prouve qu'on peut tourner du bon cinéma historique avec très peu de moyens. Récemment, il affectionne la comédie anti-capitaliste (Côteau rouge), n'hésitant pas à se moquer d'Hollywood (les incendies façon fin du monde d'Interstellar dans son tout dernier Les fleurs oubliées, y convoquant, un écologiste en colère, un don camillesque curé, une journaliste et pas mal de femmes et cultivant un délicieux humour de mauvais goût aux effluves psychédéliques.

Son plus récent film Ababouiné, est dorénavant disponible sur toutes les plateformes numériques.


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