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Ce lundi, à Londres, s’est ouvert un procès d’une ampleur inédite : cinq grands constructeurs automobiles — Renault, Peugeot-Citroën, Mercedes, Nissan et Ford — sont accusés d’avoir trompé les consommateurs et mis en danger la santé publique. Dix ans après le scandale Volkswagen, ce nouveau chapitre du “Dieselgate” pourrait bien redéfinir la responsabilité environnementale de l’industrie automobile mondiale.

Tout commence en 2015, lorsque des chercheurs américains découvrent que certains véhicules diesel sont équipés de logiciels truqueurs. Ces “defeat devices” détectent les tests d’émission en laboratoire et réduisent temporairement les rejets polluants pour passer les contrôles. Mais sur la route, les voitures émettent jusqu’à 40 fois plus d’oxydes d’azote (NOx), des gaz hautement nocifs pour les poumons et le cœur. Volkswagen avait été le premier géant éclaboussé. Aujourd’hui, c’est au tour de ces cinq groupes d’être accusés d’avoir utilisé des systèmes similaires pour contourner les normes.

Devant la Haute Cour de Londres, une action collective de plus d’1,6 million de propriétaires britanniques réclame justice. Ils affirment avoir été trompés lors de l’achat de leur voiture et exposés, malgré eux, à une pollution invisible. Les plaignants s’appuient sur plusieurs études épidémiologiques : selon un rapport européen, ces émissions frauduleuses auraient causé jusqu’à 124 000 décès prématurés en Europe entre 2009 et 2024. Les avocats parlent d’un “crime environnemental à grande échelle”.

Les constructeurs, eux, nient en bloc. Ils affirment que les systèmes d’émissions sont complexes et que les dispositifs incriminés servaient à protéger les moteurs, pas à tricher. Renault et Stellantis (maison mère de Peugeot-Citroën) se défendent en soulignant que leurs véhicules respectaient les réglementations en vigueur au moment de leur homologation. Mercedes, Nissan et Ford adoptent une ligne similaire. Mais pour les associations environnementales, l’enjeu dépasse la simple conformité technique : il s’agit de transparence, de santé publique et de confiance.

Au-delà du scandale, ce procès met en lumière les conséquences sanitaires du diesel. Les NOx et particules fines contribuent à l’asthme, aux maladies cardiovasculaires et à des milliers de morts prématurées chaque année. Pour de nombreuses familles, comme celle d’Ella Kissi-Debrah, première victime officiellement reconnue d’une mort liée à la pollution de l’air, ce procès est une étape vers la vérité.

S’il aboutit à une condamnation, les dommages pourraient dépasser 6 milliards de livres sterling. Mais surtout, il marquerait un tournant : celui où l’industrie automobile serait contrainte de répondre, enfin, du coût humain et écologique de ses choix technologiques.


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