Léa Drouet s'entretiendra avec Selma Benkhelifa, juriste spécialisée en droit des étrangers et militante des droits humains.
Les scènes dominantes sur lesquelles devraient se concentrer nos regards ont ce pouvoir paradoxal de représenter la violence comme pour toujours mieux nous la dé-présenter. Elle est nommée, photographiée, filmée, cadrée, découpée, analysée, élucidée.
Ses protagonistes sont identifié·e·s, puis changé·e·s, puis retrouvé·e·s.
À la pluralité des commentateur·rice·s répondent une multiplicité de représentations ; à la démultiplication des auteur·rice·s et au changement des autorités répond une foule d'images et d'imageries qui s'empilent et s'ajoutent comme autant d'écrans à travers lesquels, au final, on ne voit plus rien. On nous fait voir mais on ne voit plus ; on nous présente mais on rend les mises en présences impossibles. La violence des « Uns contre les Autres » est partout et « nos violences » - celles que nous subissons et refoulons, celles que nous suscitons et refusons, celles que nous désirons et rejetons à la fois – n'apparaissent nulle part.
Pourtant ces violences marquent et nous marquent. Elles laissent des traces qui, si elles sont traumatiques quand elles sont simplement ensevelies sous les images et les dénégations, peuvent aussi devenir le tracé d'un autre espace depuis lequel nous rencontrer et composer d'autres rapports entre singularités différemment marquées.
Dans la perspective de la mise en scène d’un solo et avant d'anticiper une forme définitive, je tiens à passer par une forme de recherche dans laquelle s'allient et se nourrissent réciproquement observation externe et examen interne, topologie des violences et radioscopie de ma violence. Cela non de manière abstraite et purement théorique mais en prenant mon corps comme premier outil de recherche.
Pour « muscler » mes scénarios, je voudrais profiter de la résidence à La Bellone pour collecter un ensemble de « scènes de violence » : racontées par d'autres, vécues par moi, reçues depuis un media.
A partir de cette recherche et des possibles invariants que l’on retrouve dans les récits de violence, j’aimerais travailler à l’écriture d’une ou de plusieurs structure(s) narrative(s) archétypale(s) à incarner, qui puisse être jouées et dejouées, tordues et malmenées par l’expérience du plateau.
Léa Drouet est une metteuse en scène française. Elle est diplômée de l’Institut National Supérieur des Arts de la Scène de Bruxelles (I.N.S.A.S.) en section mise en scène. Elle est installée et travaille à Bruxelles depuis 2010.
Son travail prend différentes formes et circule entre l’installation, le théâtre et la performance. Elle fonde VAISSEAU en 2014, une structure de production qui tente de s’adapter aux différentes propositions, aux différents formats expérimentés et ceux encore à venir.
Malgré la diversité des formes proposées, on perçoit son intérêt constant pour certaines questions. Comment peut-on faire basculer des problématiques des sciences humaines dans le régime du sensible, du sonore, du corporel et de la matière ? Comment partager des expériences esthétiques qui traduisent différentes organisations relationnelles ?
Proche de la scène musicale expérimentale bruxelloise, elle collabore avec divers musiciens.
Elle s’entoure aussi d’artistes au croisement de plusieurs pratiques : acteur·rice·s-danseur·se·s-performeur·se·s-plasticien·ne·s-
musicien·ne·s.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.