(Pour des raisons indépendantes de notre volonté, la venue de Françoise Vergès est annulée.)
Auteur de La Cache, prix Femina 2015, Christophe Boltanski fait retour sur un pan négligé de l’histoire de la colonisation belge. Un livre écrit de nuit, devant le « roi du Kasaï » et près d’un Léopold II à la gloire déboulonnée, qui est aussi une plongée au cœur des ténèbres de l’Histoire.
La collection « Ma nuit au musée » des éditions Stock propose à un.e écrivain.e de passer une nuit, seul.e, dans un musée de son choix. Jakuta Alikavazovic au Louvre, Leïla Slimani dans les collections de la Fondation Pinault à Venise ou tout récemment Lola Lafon au Musée Anne Frank… De cette aventure - insolite, mystique, angoissante, émouvante selon les cas - naît un livre. C’est à l’AfricaMuseum de Tervuren (ex Musée Royal d’Afrique Centrale) que Christophe Boltanski a pour sa part choisi d’aller passer la nuit, au pied d’un Léopold II à la gloire déboulonnée.
Si le journaliste et romancier français aborde Tervuren, c’est avant tout avec l’idée de s’intéresser à l’histoire de « King Kasaï », l’éléphant empaillé qui fut longtemps le symbole du Musée Royal de l’Afrique Centrale. Ce faisant, il part sur les traces du chasseur qui participa à la vaste expédition zoologique du Musée et abattit l’éléphant en 1956. Et de s’aventurer au cœur des ténèbres, celles de la mémoire d’une entreprise coloniale encore insuffisamment déconstruite…
Je me dirige vers une énormité. Un empire comprimé dans une boîte, une encyclopédie en trois dimensions, une arche qui contient tout. Faune, flore, hommes et dieux. Toute la mémoire d’un monde rassemblée dans un même écrin. Je m’apprête à passer la nuit à l’intérieur d’un bâtiment monumental et aux prétentions exorbitantes.
A l’initiative du collectif Décoloniser les arts, Françoise Vergès dénonce, au même moment, l'absence de formes de narrations prenant à rebours les récits nationaux des anciennes colonies. Pour la politiste française, le musée occidental n’a jamais été un espace neutre : ses fondements, son fonctionnement, sa structure, sa mission, ses objectifs en font un champ de bataille -idéologique, politique et économique.
Dans son nouvel essai Programme de désordre absolu (éds. La Fabrique), l’autrice d'Un féminisme décolonial étudie les transformations nécessaires pour décoloniser le musée, et les négociations à entreprendre avec les communautés dont des objets sont exposés, dans une exigence de réparation, de restitution et de justice. Rappelant notamment le rôle du pillage dans la constitution historique du musée du Louvre, elle imagine des pratiques et des méthodes collectives de performances artistiques.
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