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Boualem Sansal commence à écrire pendant la guerre civile algérienne en 1995. Il est l'un des auteurs les plus censurés du monde arabe car il s'attaque à la fois à la corruption endémique des régimes politiques et aux islamistes. Il cherche à entrer dans l'esprit de ses compatriotes, pour tenter de comprendre puis d'expliquer ce qui a mené à l'impasse politique, sociale et économique de son pays, et à la montée de l'islamisme. En 1999, il publie son premier roman, Le Serment des barbares, qui reçoit le prix du premier roman et le prix Tropiques. Sansal est connu pour ses propos critiques envers toute forme de religion, et l'islam en particulier : « La religion me paraît très dangereuse par son côté brutal, totalitaire. L'islam est devenu une loi terrifiante, qui n'édicte que des interdits, bannit le doute, et dont les zélateurs sont de plus en plus violents. Il faudrait qu'il retrouve sa spiritualité, sa force première. Il faut libérer, décoloniser, socialiser l'islam. »Marianne Payot, « Boualem Sansal : « Il faut libérer l'islam » », L'Express, 14 août 2011. Il met régulièrement en garde contre la progression de l'islamisme, particulièrement en France. À la fondation Varenne, le 13 décembre 2016, il déclare : « [Les Algériens sont] inquiets parce qu’ils constatent jour après jour, mois après mois, année après année, que la France ne sait toujours pas se déterminer par rapport à l’islamisme : est-ce du lard, est-ce du mouton, est-ce de la religion, est-ce de l’hérésie ? Nommer ces choses, elle ne sait pas, c’est un souci. Pendant ce temps, le boa constrictor islamiste a largement eu le temps de bien s’entortiller, il va tout bientôt l’étouffer pour de bon. » Il écrit : « La vérité se tient mieux dans le silence » ; ainsi que : « Dieu appartient à qui s'approprie son message. » Et, dans 2084 : la fin du monde : « La religion fait peut-être aimer Dieu mais rien n'est plus fort qu'elle pour faire détester l'homme et haïr l'humanité. » Sansal est très critique envers les pouvoirs : « Bouteflika est un autocrate de la pire espèce […] C'est pourtant lui que les grandes démocraties occidentales soutiennent et à leur tête la France de Sarkozy. » Il ajoute : « Je pense souvent à l'exil mais où, chez Bush, chez Sarkozy ? Remplacer un malheur par un autre n'est pas ce qu'on peut appeler une bonne décision. » Et, dans Dis-moi le paradis, il s'en prend aussi à « la bêtise souveraine » : « Vinrent les guerres, toutes les guerres, les mouvements de population, les holocaustes, les famines, les déclarations solennelles, les liesses propices aux mensonges, les longues attentes sur le qui-vive, puis les guerres reprirent, les clivages de fer, les vieilles haines ressuscitées, les exils, les exodes, et encore les mots qui blessent, les mots qui tuent, les mots qui nient. Mais toujours, inchangée dans la guerre ou la paix de l'entre-deux, marchant en tête, discourant à perte de vue, pontifiante et grossière : la bêtise souveraine. » Son livre Poste restante, Alger, une lettre ouverte à ses compatriotes, est resté censuré dans son pays. Après la sortie de ce pamphlet, il est menacé et insulté, mais il décide de rester en Algérie. Il publie Petit éloge de la mémoire, récit épique de l'aventure berbère. En 2003, Boualem Sansal est rescapé du séisme meurtrier qui a touché sa région à Boumerdès. Après avoir été porté disparu pendant un certain temps, il est retrouvé grâce à un appel lancé par la télévision algérienne. Son troisième roman, Dis-moi le paradis, publié en France en 2003, est une description de l'Algérie post-coloniale, à travers les portraits de personnages que rencontre le personnage principal, Tarik, lors de son voyage à travers ce pays. Le ton est très critique envers le pouvoir algérien, se moquant de Boumédiène, critiquant ouvertement la corruption à tous les niveaux de l'industrie et de la politique, l'incapacité à gérer le chaos qui a suivi l'indépendance, et attaquant parfois violemment les islamistes. Ce livre est l'une des raisons qui conduisent le pouvoir à limoger l'auteur de son poste au ministère algérien de l'Industrie. En 2005, s'inspirant de son histoire personnelle, il écrit Harraga (harraga signifie « brûleur de route », surnom que l'on donne à ceux qui partent d'Algérie, souvent en radeau dans des conditions dramatiques, pour tenter de passer en Espagne). Pour la première fois, les personnages principaux sont deux femmes : Lamia, médecin pédiatre qui vit dans la misère à Alger, et Cherifa qu'elle recueille alors que cette dernière est enceinte de cinq mois. Encore une fois, le ton est très critique envers le pouvoir algérien : l'argent du pétrole coule à flots, mais l'argent étant accaparé par une minorité de dirigeants, le peuple est dans la misère et les jeunes vont tenter leur chance ailleurs, pendant que ceux qui ne peuvent pas partir restent dans la misère et la peur. Son roman Le Village de l'Allemand, sorti en janvier 2008, est censuré en Algérie, car il fait le parallèle entre islamisme et nazisme. Le livre raconte l'histoire du SS Hans Schiller, qui fuit en Égypte après la défaite allemande, et se retrouve ensuite à aider l’Armée de libération algérienne, pour finalement devenir un héros de guerre et se retirer dans un petit village perdu. Le livre s'inspire d'un destin réel, découvert par la presse dans les années 1980. En mars 2008, il choisit de se rendre au Salon du livre de Paris, malgré la polémique soulevée dans le monde arabe quant au choix d'Israël comme invité d'honneur et l'appel au boycott venant des pays arabes et de certains intellectuels. Il s'en explique par la formule : « Je fais de la littérature, pas la guerre », ajoutant : « La littérature n'est pas juive, arabe ou américaine, elle raconte des histoires qui s'adressent à tout le monde. » Il publie une nouvelle fable futuriste et prophétique, Le Train d'Erlingen ou La Métamorphose de Dieu chez Gallimard, réflexion sur les crises migratoires et la montée en puissance de l'islamisme en Europe. Il déclare : Oui, l'Europe a peur de l'islamisme, elle est prête à tout lui céder. […] La réalité en boucle n'a pas d'effet sur les gens, en apparence du moins. On l'a vu en Algérie durant la décennie noire : les gens qui, au début, s'émouvaient pour une victime du terrorisme ont fini après quelques mois de carnage par ne ressentir d'émotion que lorsque le nombre des victimes par jour dépassait la centaine, et encore devaient-elles avoir été tuées d'une manière particulièrement horrible. Terrible résultat : plus les islamistes gagnaient de terrain et redoublaient de cruauté, moins les gens réagissaient. L'info tue l'info, l'habitude est un sédatif puissant et la terreur, un paralysant violent. » Boualem Sansal habite près d'Alger, dans la ville de Boumerdès.


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