Cette semaine Vianney Lecointre revient sur l'urgence écologique.
"Je ne sais pas si vous avez suivi mais il y a eu, il y a quelques jours, une
action de blocage du périphérique parisien par des écologistes pour protester
contre l’inaction du gouvernement en matière de lutte contre le réchauffement
climatique.
Cela a suscité de vives réactions. A commencer bien sûr par celles des
personnes bloquées ne pouvant vaquer à leurs occupations dont certaines
pouvaient avoir, on l’imagine, un caractère d’urgence.
Ainsi une jeune militante a été vouée aux gémonies par une journaliste
vedette lors d’une interview sur une grande radio périphérique, sans qu’elle la
laisse s’exprimer sur les motivations de son action et sur le fond du problème.
Elle n’a fait preuve d’aucune empathie à l’égard de cette représentante d’une
génération confrontée à des problèmes angoissants, cherchant au contraire à
la caricaturer. Faisant preuve au passage d’une terrible courte vue, comme si
bloquer le périphérique était la pire chose que l’on pouvait imaginer.
Il y a quelque chose de gênant dans l’attitude de ces gens qui se veulent
raisonnables, font la leçon à ceux qui veulent renverser l’ordre des priorités,
sont presque prêts à les traiter de rêveurs…
Alors qu’il faut être aveugle pour ne pas voir ce qui est enclenché :
effondrement de la biodiversité, le plastique qui envahit tous les
écosystèmes, l’acidification des océans… Quant au réchauffement
climatique, rappelons quand même que, d’après le rapport du GIEC,
l’élévation du niveau de la mer pourrait directement menacer plus d’un
milliard de personnes d’ici 2050 et entre 7 et 14 trillions de dollars
d’infrastructures côtières d’ici 2100.
2050, c’est très proche. Aussi proche de 2022 que l’année 1994 que la
plupart des auditeurs ont connu. La jeune militante de 22 ans dont je parlais
n’aura alors que 50 ans. Ma petite fille née l’an passé n’aura que 29 ans…
Mais beaucoup ont tellement de mal à se représenter les conséquences
des dérèglements planétaires, annoncées pourtant par toute la communauté
scientifique, qu’ils accusent d’irrationalité ceux qui prétendent lutter contre.
Il y a là un paradoxe dont il faut sortir. Le réalisme, compte tenu de ce que
l’on sait des problèmes immenses à résoudre, consiste à faire la meilleure
société possible, fut-elle sans voiture ou sans avion ou presque…"
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