Il y a quelques jours, Jean-Luc Mélenchon a réussi à provoquer une petite polémique en proposant de rebaptiser la langue française au prétexte qu’elle ne serait pas seulement parlée en France. A mon avis, elle n’en est pas moins française.
Néanmoins, cette affaire a le mérite de pointer du doigt une réalité qui est trop souvent ignorée de nos concitoyens : les locuteurs du français sont bien plus nombreux hors de France qu’en France. Nous sommes plus de 300 millions dans le monde, où le français est 5ème langue la plus parlée après le mandarin, l'anglais, l'espagnol et l'arabe. Et ce chiffre pourrait doubler d’ici 2050, grâce au dynamisme démographique de l’Afrique francophone. D’ores et déjà, la plus grande ville francophone du monde n’est plus Paris, ni même Montréal, mais bien la capitale du Congo, Kinshasa dont la plupart des 17 millions d’habitants parlent le français.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais il me semble que chaque homme peut avoir plusieurs patries. Pour ma part, je me sens certes avant tout français, mais aussi un peu Ornais et Normand (même si je ne suis pas natif de la Normandie). Dans le sens d’un élargissement, je me sens aussi européen. Et puis, notre langue est aussi une patrie. Même si je ne souhaite pas de mal aux langues locales ou ethniques, je me réjouis que nous ayons en partage ce patrimoine culturel avec de si nombreux autres êtres humains dans différentes parties du monde, de nos voisins belges ou suisses à nos cousins québécois en passant par nos amis ivoiriens ou malgaches, par exemple.
Alors, il est vrai que la langue française n’est plus l’apanage de la France. Je me souviens qu’il y a quelques années encore, le gouvernement français prétendait réformer l’orthographe : je ne pense pas qu’il en ait la légitimité, ne représentant désormais qu’une minorité de francophones. En revanche, l’Académie Française, elle, peut faire référence. Il n’est d’ailleurs nul besoin d’être de citoyenneté française pour y être élu et elle peut donc prendre en compte des évolutions de la langue qui apparaissent dans tous les pays du monde.
La Francophonie ne doit pas et ne peut pas être un outil de puissance pour la France mais un ensemble de pays du monde où, grâce à cet héritage commun qu’est la langue, peuvent se développer des amitiés particulières, où l’on reconnaîtrait que des liens nous unissent, avec des échanges facilités par exemple. On ne pourrait que faire le vœu que cela soit un espace de collaboration et de paix dans un monde par ailleurs si chaotique.
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