La crise est telle que certains en viennent à de se demander si ce n’est pas la fin de l’agriculture française. Comme si cela était concevable !
L’agriculture n’est pas une activité comme une autre que l’on pourrait délocaliser, elle est constitutive de la France, entièrement façonnée par des millénaires d’intense présence humaine, car la France est le « pays de l’homme », selon la belle
expression que l’on doit, je crois, au père Bernard Peyrous. Ainsi s’il ne
représente plus que moins de 1 % des habitants actuels de la planète, notre pays
a su faire vivre et nourrir 5 à 10 % des êtres humains qui se sont succédés sur
cette Terre depuis les origines.
Il y a moins d’un demi-siècle encore, un Président de la République, Valéry
Giscard d’Estaing, indiquait que l’agriculture devait être le « pétrole vert » de la
France, qui était en 1980 le deuxième exportateur mondial de produits agricoles.
Alors qu’aujourd’hui notre balance commerciale agroalimentaire serait
largement déficitaire sans les vins et champagne. Par exemple, pour les seuls
fruits et légumes, le déficit atteint près de 4 milliards d’euros par an, alors qu’on
arrache les poiriers dans le Domfrontais. Ainsi, notre souveraineté alimentaire
paraît de moins en moins assurée, elle est pourtant essentielle pour notre liberté
dans un monde de plus en plus dangereux. Quel échec, alors que notre pays est
l’un des plus fertiles du monde !
Un empilement de normes ne fait pas une politique ou une ambition, surtout
si elles ne s’appliquent pas aux produits importés. Quand se développent les
importations de viande bovine ou ovine au détriment de nos agriculteurs, on
perd sur tous les tableaux. On ne sert en rien les objectifs de réduction de gaz à
effet de serre car la consommation de viande ne diminue pas pour autant et, au
contraire, on met en péril les écosystèmes de nos campagnes bocagères,
réservoirs de biodiversité. En tant que consommateurs, nous avons un rôle à
jouer : nous devrions ainsi sans doute manger moins de viande, mais plus locale
et de meilleure qualité ! La société dans son ensemble doit se mobiliser pour
accompagner les agriculteurs face aux défis auxquels ils sont confrontés dont la
transition écologique n’est pas le moindre.
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