La sobriété s’est imposée comme l’un des maîtres-mots de la rentrée politique et c’est tant mieux, tant il devient évident que le mode de vie à l’occidentale pour l’ensemble de la population mondiale n’est pas compatible avec les limites planétaires et qu’il est impératif de réduire la quantité énorme de ressources naturelles que l’on utilise.
Puisque le gouvernement dit souhaiter promouvoir la « sobriété », espérons qu’il ne s’agira pas d’un faux-semblant. Il revient à chacun de nous, et notamment les plus privilégiés, de faire des efforts, mais, du côté des gouvernants, il faut aussi changer de logique. Il n’est plus possible d’avoir des politiques économiques visant simplement la croissance du PIB en espérant qu’un soi-disant ruissellement, ou même une redistribution des revenus par l’impôt ou les cotisations sociales, permettent à chacun de couvrir ses
besoins vitaux. Selon Dominique Bourg, philosophe spécialiste des questions
environnementales : « la sobriété, c’est chercher l’optimum du confort tout en préservant les écosystèmes. (…) C’est une réorganisation de société, mais ce n’est pas vivre plus mal ».
Ces jours-ci à Assise, le pape François lui-même a souligné que, sans modification profonde du système économique, aucune transition écologique ne sera possible et a appelé au courage, y compris celui d’abandonner les énergies fossiles. Dans son encyclique Laudato Si’ sur la sauvegarde de la maison commune, les termes sobres et sobriété ne se retrouvent pas moins de huit fois au total. Le pape se réfère à Saint François en invitant à quelque chose de radical : « un renoncement à transformer la réalité
en pur objet d'usage et de domination ». Il se réfère à Saint Benoît, qui prônait un travail imprégné de sens spirituel, pour une saine sobriété de notre relation au monde. « La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété (…). La sobriété, qui est vécue avec liberté et de manière consciente, est libératrice » écrit encore le pape.
Notre espérance, en tant que chrétien et citoyen, est que nos sociétés trouvent vraiment les voies pour sortir de certaines addictions collectives qui nous font plus de mal que de bien et instaurer de nouveaux principes de fonctionnement pour mieux gérer les ressources, organiser les services publics, produire les vraies richesses utiles à tous et, en
définitive, parvenir à davantage de justice sociale.
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