Voilà que ces jours-ci nous célébrons, si l’on peut dire, les cinq ans du confinement. Notez bien qu’il aura plus marqué les esprits que la pandémie de Covid19 elle-même. Et il n’est d’ailleurs pas certain que les mesures prises pour lutter contre la maladie n’ait pas eu plus de
conséquences néfastes que la maladie en tant que telle.
C’est certainement le cas sur le
psychisme de la jeunesse, privée de scolarité, de vie sociale, grandissant dans un univers
anxiogène ou encore peu propice à l’acquisition du langage pour les plus petits, à cause des
masques. Fallait-il, comme on l’a fait, décréter l’enfermement général, appliquant ainsi une
recette qui était celle d’un état totalitaire, la Chine ? La jeunesse a eu du mérite d’y obéir
docilement, acceptant de se sacrifier pour protéger les plus âgés, notamment ceux-là mêmes
qui, quelques cinquante ans plus tôt, ont fait Mai 1968, événement déclenché, rappelons-le,
par l’interdiction faite aux jeunes hommes de se rendre dans les dortoirs des étudiantes…
On comprend que les pouvoirs publics et les autorités sanitaires aient tâtonné devant une
situation qui était inédite. Il fallait bien que le consensus scientifique se fabrique
progressivement. Mais il y a eu tout de suite des discours péremptoires. Comme quand on
nous a dit que le masque ne servait à rien, simplement parce qu’il n’y avait pas de stock. Ou
quand le Président de la République allait rencontrer le professeur Raoult à Marseille, peu de
temps avant que l’on nous explique qu’il était un imposteur. Loin de savoir reconnaître leurs
erreurs et de faire de la pédagogie, les responsables ont préféré verrouiller le débat à grand
renfort de paroles d’experts, alors même que l’on n’était sûr de rien.
Tout cela aurait pu être un mal pour un bien. On s’était aussi promis que, à la faveur de
cette crise, le monde d’après serait bien différent, que l’on en profiterait pour réformer nos
manières de vivre, de produire, de consommer. Force est de constater qu’il n’en a rien été.
« Nous avons préféré pérenniser nos modèles traditionnels de croissance, extractrice et
extrêmement coûteuse pour l’environnement comme pour les normes sociales », comme le
constatait la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury dans un article récent de Ouest-
France. On pourrait même dire que, par la défiance qu’elle a provoquée à l’égard des
institutions, de l’autorité et de la science, cette gestion du Covid, en France et ailleurs, a
favorisé une véritable régression et a permis le retour en force de l’autoritarisme, symbolisé
par Trump. Cela constitue la pire manière de préparer l’avenir et de faire face à des défis
autrement plus cruciaux que le Covid : les menaces pour la paix dans le monde, le
réchauffement climatique ou l’effondrement de la biodiversité.
Hébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.