La nomination d’Amélie Oudéa-Castéra au ministère de l’Education nationale procédait à l’évidence d’une erreur de casting qui a d’ailleurs été rectifiée. Mais la nouvelle ministre aurait peut-être coupé court à certaines polémiques si, plutôt que de raconter des carabistouilles pour justifier le placement de ses enfants au collège privé Stanislas, elle s’était simplement contentée de rappeler que les écoles privées sous contrat participent au service public de l’Education nationale.
Et, comme pour se dédouaner encore un peu plus, elle a cru bon de préciser qu’elle n’était pas catholique ! Ce serait pourtant une excellente raison de mettre ses enfants dans une école catholique justement.
Il y certainement bien des choses à corriger dans un établissement comme Stanislas, que je connais un peu de par mon histoire personnelle et familiale. Par exemple, il devrait veiller à davantage diversifier son recrutement, notamment dans les classes préparatoires, pour, sans rien sacrifier en terme d’exigences, amener toutes sortes d’élèves méritants au meilleur niveau académique. Mais, à l’occasion de ces polémiques, voilà Stanislas, dont la mairie de Paris a suspendu les subventions qu’elle doit à toute école sous contrat, accusé de ne pas respecter les valeurs de la République. Visiblement sa fidélité à certains enseignements de l’Eglise et son caractère catholique sont mis en cause !
Sans parler d’anticléricalisme, c’est sans doute là une nouvelle manifestation de la mauvaise compréhension de la notion de laïcité dans notre société. La laïcité garantit aux croyants et aux non-croyants le même droit à la liberté d’expression de leurs croyances ou convictions. Elle garantit la liberté vis-à-vis de la religion mais aussi le libre exercice des cultes et la liberté de religion. Bref, la laïcité n’est pas l’absence de religion, pas plus que la démocratie n’empêcherait, dans l’espace public l’expression d’opinions politiques, sous prétexte que, dans certaines circonstances, une forme de neutralité peut être requise.
La Croix consacrait la semaine dernière un article aux aumôniers d’hôpitaux qui ont aussi de plus en plus de mal à se faire une place, dont le rôle est de moins en moins compris et qui font face à toutes sortes d’interdictions. Pourtant, les usagers de l’école comme ceux de la santé ont le droit d’avoir les moyens de vivre leur foi ou d’accéder dans de bonnes conditions à un soutien spirituel. Car, non, la religion n’est pas seulement une affaire privée, comme on l’entend trop souvent ! Elle a toute sa place, y compris dans des institutions assurant une forme de service public.
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