Voici un texte bien difficile. Nous sommes un peu comme les disciples qui s'approchent de Jésus en lui disant : Que signifient ces paroles ? (Luc 8, 9)
Regardons donc attentivement ce que Jésus fait.
Jésus a pris résolument la route de Jérusalem pour y vivre sa Passion. Il traverse la région située entre la Samarie et la Galilée (Lc 17, 11). Il avait dit aux 72 disciples envoyés en avant de lui pour préparer son passage: Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur : "Le règne de Dieu s’est approché de vous." (Lc 10, 9). Juste avant notre texte, Il vient de guérir 10 lépreux qui sont venus à sa rencontre. Oui, vraiment, les malades sont guéris. Oui, vraiment, le règne de Dieu s'est bien approché.
Mais voici que des pharisiens, des savants, des spécialistes remarquables de l'interprétation de la Loi de Moïse, demandent à Jésus quand viendra le règne de Dieu. Ils se situent dans une approche de savants. Ils observent et ils déduisent, comme de bons scientifiques, mais en restant soigneusement à l'extérieur de l'objet qu'ils observent.
Jésus leur répond au contraire : le règne de Dieu est au milieu de vous. Le règne de Dieu n'est pas une chose extérieure que l'on peut observer scientifiquement comme le temps qu'il fait, que l'on peut épier de l'extérieur. Ce n'est pas quelque chose dont on peut dire: le voici ou le voilà. C'est plutôt comme un état que l'on ressent intérieurement. Ça ressemble à un sentiment de joie, de paix, d'ajustement intérieur. Ce n'est pas mesurable, de même que l'amour que l'on peut ressentir n'est pas mesurable.
Et voici que Jésus se tourne vers ses disciples, eux qui ont annoncé précisément que le règne de Dieu s'est approché. Il ont vu le doigt de Dieu expulser les démons. Ils ont entendu Jésus dire : si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est venu jusqu’à vous (Lc 11, 20).
Les disciples ont reconnu que le règne de Dieu est au milieu d'eux, mais Jésus leur annonce une autre étape à vivre au-delà de cette reconnaissance : son départ à Jérusalem. Après le départ de Jésus, ils vont devoir entrer dans l'attente du retour du Fils de l'homme. Cette attente sera une attente de désir, une attente qui habitera tout leur être, qui va habiter chacune de leurs actions. Mais comment savoir que le Fils de l'homme sera vraiment revenu ?
Comme pour les pharisiens, Jésus leur explique que ce retour n'est pas un événement à saisir, à prévoir, à maîtriser, à calculer. Un éclair qui déchire toute la largeur du ciel ne peut se saisir. On ne le voit que quelques instants après qu'il a disparu, on ne l'entend que quelques secondes encore plus tard. On ne peut le saisir, mais on ne peut manquer de l'observer si on l'attend avec patience. Oui, le jour du Fils de l'homme sera de cette nature. On ne pourra pas le saisir, mais il sera comme une évidence éblouissante pour ceux qui le désireront de tout leur coeur.
Mais Jésus est inquiet : le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? (Lc 18, 8). Est-ce que les hommes auront accepté de reconnaître que le règne de Dieu s'est approché d'eux ? Est-ce que ses disciples seront restés dans le grand désir de son retour une fois qu'il sera parti ? Et nous qui avons reconnu le règne de Dieu parmi nous lors de notre baptême, sommes-nous bien enracinés dans ce grand désir à notre tour ?
Laissons-nous toucher par le désir du psalmiste : Comme un cerf altéré cherche l'eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant ; quand pourrai-je m'avancer, paraître face à Dieu ? (Ps 41, 2)
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