Les femmes
Chers amis
Ce dimanche, 3 e dimanche de carême, nous recevons l’évangile de la Samaritaine. Une
femme. Esseulée à midi au bord d’un puits. Sans défense et fatiguée.
Cette semaine nous célébrions la journée des droits des femmes. Dérisoire, un jour.
Comment est-ce possible en 2023 que les femmes soient une sous-catégorie de l’humanité
et de ses droits, alors que d’égale dignité et condition. Bref il n’y a pas de quoi être fiers.
Mais au contraire inquiets, inquiètes. En France, 30 femmes tuées par leur compagnon ou
ex-conjoint depuis le début de l’année. Ce chiffre est horrifiant. L’est surtout la réalité
singulière de 30 fois une vie anéantie, violentée jusqu’à la mort et avec elle le cortège de
malheurs pour des enfants, des parents, des proches. Sur l’année 2022, au moins une vie de
femme tous les 3 jours. Sans compter celles qui sont blessées, apeurées, humiliées,
manipulées, celles qui n’ont d’autres choix que la rue pour sauver leur vie et bien souvent
celles de leurs enfants. Les associations qui organisent les maraudes dans nos villes ont fait
retentir depuis longtemps, mais en vain, un cri d’alarme, d’autant que la précarité est bien
souvent la première violence dans un continuum de violences subies. Faut-il encore rappeler
que plus de 200.000 femmes sont victimes de violences sexuelles, par an. Très
majoritairement dans leur Maison.
Une question – parmi milles autres – me taraude depuis longtemps. Quelle est la prise de
parole, les actes, dans notre Église. Le pape François a vigoureusement dénoncé ces crimes,
les qualifiant de « profanations », d’actes « quasi sataniques ». Mais peut-on en rester là ?
L’histoire de l’Église catholique avec les droits humains, dont ceux des femmes, est ô
combien une histoire mêlée, souvent en tension. Mais on peut aussi heureusement
reconnaitre qu’aujourd’hui elle est devenue très majoritairement actrice de la promotion
des droits humains. Mais voilà ici le compte n’y est pas. Y compris en nos pays riches et
démocratiques. Comme le rappelle avec vérité Aymeric Christensen, dans son édito de
l’Hebdo La Vie de cette semaine, il est indispensable que les paroisses, les mouvements, les
associations familiales se saisissent de ce fléau, donnent à décrypter les phénomènes
d’emprise et de manipulation, ne laissent rien passer des propos complaisants – ou pire
faussement religieux comme le pardon ou la miséricorde - et aident chacun à repérer des
signaux d’alerte – souvent très discrets - chez les victimes. D’autant plus qu’il y a des
victimes parmi nous, dans nos Églises. La vie chrétienne est concernée par tout de l’humain,
spécialement ce qui lui fait violence. Alors par pitié, formons-nous et prêtons attention.
Le Christ, au puits de la Samaritaine - puits bien souvent obstrués par tant d’injustices et de
drames, nous convoque.
Véronique Margron
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