Lundi 8 Avril
Je consacrerai cette semaine poétique à une très grande poétesse iranienne,
Forough Farrokhzad, née à Téhéran en 1935 et morte accidentellement en 1967. Elle publie 3 premiers
livres de facture classique,La Captive (1955), Le Mur (1956), La Rébellion (1958) qui choquent
cependant parce qu'ils affirment déjà qu'elle veut « être le cri de sa propre existence. ».
Après un divorce et l'éloignement forcé de son enfant, à 27 ans, en 1962, elle réalise un film
intitulé "Khane siah ast" (La maison est noire) dans la léproserie de Baba Baghi, près de Tabriz, et
adopte le fils d'un couple de lépreux. Avec la publication de Une autre naissance (1964), sans doute son
œuvre la plus importante, et Ayons foi en l’approche de la saison froide (posthume), elle affirme sa
modernité et se libère de la tradition poétique iranienne.
Je vous lis ce court poème:
Le vent nous emportera
Dans ma petite nuit, hélas !
Le vent a rendez-vous avec les feuilles.
Dans ma petite nuit, persiste l’angoisse de la ruine
Écoute ! Entends-tu le souffle de l’obscurité ?
Je porte un regard étrange sur ce bonheur, et je m’habitue à ma désespérance.
Écoute ! Entends-tu le souffle de l’obscurité ?
Il se passe quelque chose cette nuit.
La Lune est rouge, anxieuse
et sur ce toit
qui risque à tout instant de s’effondrer,
les nuages comme une foule en deuil semblent attendre l’instant de la pluie !
Un instant et puis, rien.
Derrière cette fenêtre la nuit tremble
et la Terre cesse de tourner.
Derrière cette fenêtre, un inconnu s’inquiète pour moi et toi.
Ô verdoyant !
Mets tes mains comme un souvenir brûlant
dans mes mains amoureuses
et confie tes lèvres comme une sensation vivante
aux caresses de mes lèvres amoureuses !
Le vent nous emportera !
Le vent nous emportera !
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