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Description

Mardi 9 Avril

La poésie de Forough Farrokhzad, poétesse iranienne, décédée en 1967 à l'âge de 33 ans, était une écriture

de la protestation dans laquelle elle révélait la condition féminine avec ses désirs intimes, ses peines et ses

aspirations. Ses poèmes sont encore aujourd'hui cités pour la liberté et l'indépendance des femmes.

Aujourd'hui, je vous lis:

Révolte

Ne scelle pas mes lèvres au cadenas du silence

Car j'ai dans le cœur une histoire irracontée

Délivre mes pieds de ces fers qui les retiennent

Car cette passion m'a bouleversée

Viens, homme, viens, égoïste

Viens ouvrir les portes de la cage

Toute une vie, tu m'as voulue en prison

Dans le souffle de cet instant, enfin, délivre-moi

Je suis l'oiseau, cet oiseau qui depuis longtemps

Songe à prendre son envol

Mon chant s'est fait plainte dans ma poitrine serrée

Et dans les désirs, ma vie a reflué

Ne scelle pas mes lèvres au cadenas du silence

Car il me faut dire mes secrets

Et que je fasse entendre au monde entier

Le crépitement enflammé de mes chants

Viens, ouvre la porte, que je m'envole

Vers le ciel limpide du poème

Si tu me laisses m'envoler

Je me ferai rose à la roseraie du poème

Mes lèvres sucrées par tes baisers

Mon corps parfumé à ton corps

Mon regard avec ses étincelles cachées

Mon cœur plaintif, par toi rougi

Mais ô homme, homme égoïste

Ne dis pas c'est une honte, que mon poème est honteux

Pour ceux dont le cœur est enfiévré, le sais-tu,

L'espace de cette cage est étroite, si étroite ?

Ne dis pas que mon poème était péché tout entier

De cette honte, de ce péché, laisse-moi ma part

Je te laisse le paradis, ses houris et ses sources

Toi, laisse-moi un abri au cœur de l'enfer

Livre, intimité, poème, silence

Voilà pour moi, les sources de l'ivresse

Qu'importe de n'avoir pas voie au paradis

Puisqu'en mon cœur est un paradis éternel !

Lorsque dans la nuit, la lune danse en silence

Dans le ciel confus et éteint

Toi, tu dors et moi, ivre de désirs inassouvis

Je prends contre moi le corps du clair de lune

La brise m'a déjà pris des milliers de baisers

Et j'ai mille fois embrassé le soleil

Dans cette prison dont tu étais le geôlier

Une nuit, au profond de mon être un baiser me fit vaciller

Rejette loin de toi l'illusion de l'honneur, homme

Car ma honte m'est jouissance ivre

Et je sais que Dieu me pardonnera

Car il a donné au poète un cœur fou

Viens, ouvre la porte, que je déploie mes ailes

Vers le ciel limpide du poème

Si tu me laissais m'envoler

Je me ferais rose à la roseraie du poème

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