Jeudi 11 Avril
Poursuivons aujourd'hui la découverte de cette grande poétesse Forough Farrokhzad née en 1934
et décédée suite à un accident de voiture en 1967 . Elle fut la première femme marquante
de la littérature iranienne. Son lyrisme moderne dans une société répressive contient
parfois des échos de la grande poésie classique persane.
Je vous lis:
Captivité
C’est vers toi que je tends tout en comprenant
jamais je ne t’enlacerai à satisfaire mon cœur
car tu es le ciel brillant et sans nuage
et je suis un oiseau captif dans la cage.
Derrière les ternes barreaux de fer froid
étonnée mélancolique j’observe ton visage,
dans une rêverie survient une main magique
libérant l’oiseau qui s’élève vers toi.
Échappant en rêve à la volière
dans l’instant feutré de l’inattention
je ris sur le gardien et m’engage
vers une vie de clarté en ta compagnie.
Mais ceci n’est que songe, je sais que le bonheur
de quitter cette cage je n’en ai la force,
même si le veilleur me laissait fuir
mon souffle est trop court pour survoler la terre.
Au-delà de la grille l’œil gai
d’un enfant me sourit au matin lumineux
et ses lèvres chaque fois miment un baiser
quand j’entonne mes trilles limpides.
Si un jour je parvenais à étendre les ailes
m’évader de cette suffocante ténèbre
que dire, ô ciel, à l’enfant attristé?
«oublie l’oiseau car il est parti vivre».
Je suis la chandelle dans la sombre ruine
que j’illumine par la flamme en mon sein
et si je choisissais de m’éteindre
j’emplirais de cendres la demeure.
Extrait de : Forough Farrokhzad : Asir, 1952. Traduit du persan par Jean-René
Lassalle en croisant les traductions anglaise et allemande avec l’original farsi.
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