Nos Étoiles Filantes
Laure Manel - Michel Lafon
Chronique littéraire – Nos étoiles filantes de Laure Manel (Michel Lafon)
Il y a des romans qui vous laissent comme suspendu·e·s dans un battement de cœur. Des récits de deuil, d’espoir, de silences habités. Nos étoiles filantes en fait partie.
Fanny, secrétaire médicale, va atterrir dans une boulangerie à Montréal. Car elle a tout perdu. Car elle fait ce voyage pour Hadrien, son compagnon, son amour, sa moitié, qui a disparu dans un terrible accident de voiture.
Un drame brutal, tranchant, avec ses cris, le verre brisé, la tôle froissée, les images qui hantent. Seule survivante, elle reste prisonnière du choc, du vide, des regrets. Elle n’a pas pu lui dire adieu. Elle n’a pas pu tenir ses promesses. Alors elle s’effondre, en silence.
Pour survivre, elle quitte tout. Après Montréal , elle s’installe loue un chalet en Mauricie, à la Pourvoirie du Castor, et nous partagera l’été indien, cet instant suspendu où la nature semble pleurer les feuilles tombées. C’est là, entre érables rouges et nuits glacées, que la reconstruction va doucement commencer.
Il y a Céline, enceinte de son troisième enfant, dépassée, abîmée. François, le voisin discret, passionné par la langue française et l’histoire. Et Simon, l’énigmatique fils des propriétaires, qui vit avec ses chiens et ses fantômes.
Car chacun porte sa douleur. Un accident. Un secret. Une culpabilité tenace.
Ce roman est une ode à la douce lenteur. La lenteur du deuil, des souvenirs, des gestes qui guérissent. Laure Manel y aborde avec justesse le syndrome de stress post-traumatique, la culpabilité du survivant, mais aussi la thérapie — notamment l’EMDR —, et cette terrible peur d’aimer à nouveau, de trahir la mémoire de l’être perdu.
Fanny avance par petits pas. Elle observe, aide, doute, recule parfois. Elle devient une véritable acéricultrice, apprivoise les enfants, les silences, les hivers. Elle s’attache, contre toute attente.
Il y a de la beauté partout dans ce roman. Dans un thé partagé, une virée en motoneige, une pêche sur la glace, un vol en hydravion, ou même une chanson qui résonne comme un appel : "Les étoiles filantes".
Le titre n’est pas anodin. Nous sommes tous des étoiles filantes, dit Laure Manel. Des présences brèves mais intenses. Des êtres qui traversent d’autres vies et laissent une traînée lumineuse. C’est peut-être ça, le vrai miracle de la vie : oser aimer, malgré tout.
Un roman doux-amer, à lire pour se rappeler que tant qu’on est vivant, on n’est pas mort. Et qu’on se doit de vivre.
C’est chez Michel Lafon - Nos étoiles filantes…
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