À quelques jours de la Toussaint, je souhaite partager une interrogation avec vous : existe-t’-il des Saints en Islam ? et en quoi, le culte des Saints pratiqué par les musulmans diffère-t’-il de celui des chrétiens ? Nous trouvons la réponse à ces questions chez l’historienne Catherine Mayeur-Jaouen qui livre la première somme scientifique, fruit de vingt ans de recherches, sur le culte des saints en Islam. Son ouvrage Le Culte des saints musulmans. Des débuts de l’islam a? nos jours est publié chez Gallimard, dans la collection Bibliothèque des histoires,
Cette scientifique, qui a fait de longs séjours en Égypte et en Iran et enseigne l’histoire moderne et contemporaine des mondes arabe et musulman a? Sorbonne Université, explique que dans l’islam « Il n’y a pas de vénération de reliques directes, de culte des ossements. Et pas non plus d’icônes possibles, ce qui donne une importance cruciale – davantage que dans le christianisme – au lieu ou? est enterre? le saint, ou bien ou? il est apparu. C’est le principe. Cependant, il existe une iconographie désignant les saints, notamment dans les miniatures, en particulier persanes. On trouve encore des images pieuses très nombreuses, mais dans un contexte chiite. Même si l’expression « culte des saints » n’est pas utilisée, on parle plutôt de Ziyârat, terme qui désigne la visite pieuse a? un marabout ou sur un lieu saint. Employer l’expression « culte des saints » permet d’englober des phénomènes variés : des pèlerinages, le culte des prophètes, les célébrations agraires...
Dans l’islam, il n’existe pas de processus de canonisation, contrairement au catholicisme. Le terme théologique en arabe est wali?, qui désigne un ami de Dieu. Il y a l’idée que cette proximité confère un certain pouvoir, encadre une clientèle. Mais le terme wali? n’est pas le plus fréquent. Les fidèles parlent souvent d’un « homme pieux », d’un « homme juste », célébré parfois de son vivant. »
Le terme de « Juste » se rapporte à l’épisode de la Genèse durant lequel Abraham essaya de sauver la ville de Sodome. C’est à cause de cela que l’on donne le titre de « Juste parmi les Nations » aux héros, pour la plupart inconnus, qui au péril de leur vie, ont secourus des Juifs de la déportation et de la shoah. François-Guillaume Lorrain, responsable de la rubrique Histoire au Point, a consacré à une quinzaine d’entre eux un livre intitulé Il fallait bien les aider - Quand des Justes sauvaient des Juifs en France. Dans le chapitre Un français à Rome, il nous parle d’un diplomate « aux convictions catholiques très affirmées » François de Vial. Je cite un passage qui me semble fort intéressant : « L’attribution de la médaille de Juste parmi les Nations à François de Vial, comme au cardinal Tisserant st à monseigneur Bouquin comble un vide dans l’histoire des Français à Rome. (…) Cette triple reconnaissance par Yad Vashem sert indirectement la cause du Vatican et du pape Pie XII, souvent accusé d’indifférence envers les Juifs. Comme les dernières recherches l’ont démontré, la réalité fut plus subtile, même si la peur d’une invasion de la cité pontificale a fréquemment dicté les déclarations pour le moins timorées du saint-père. ». Dans les dernières lignes de ce même chapitre, il conclut : « Il est remarquable que ce soit un diplomate du régime du Maréchal Pétain qui a été reconnu juste. Sa foi chrétienne l’incita à prendre ses distances avec l’idéologie officielle du régime qu’il servait, pour faire preuve de ce souci de l’autre sans lequel il n’est point d’humanité.
Pour ma part, à la Toussaint, je me souviendrais des Justes et je célèbrerai l’espoir qu’ils nous redonnent en l’humanité.
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