D’un commun accord, les pays européens ont décidé en 2014 que les grandes entreprises devraient tenir une comptabilité de leurs impacts environnementaux et sociaux. Cette comptabilité ne s’exprime pas en euros, elle s’exprime en efforts pour lutter contre la corruption, pour lutter contre la pollution et le réchauffement climatique, et pour mesurer l’impact de l’entreprise sur la biodiversité. Depuis le début de l’année dernière, cette comptabilité extra-financière est devenue obligatoire pour les grandes entreprises.
Récemment, l’Allemagne et d’autres pays européens se sont fait rappeler à l'ordre par la Commission européenne, parce que ces pays n'ont pas transposé la directive européenne en règlements nationaux. L’Allemagne est particulièrement à la traîne, en partie parce que ses entreprises disposent d’une énergie électrique polluante à base de centrales à charbon. Beaucoup d’entreprises ne sont pas très motivées à publier leur impact sur le climat.
L'argument souvent invoqué par les milieux patronaux est le coût de cette comptabilité extra-financière. Mais cet argument est un faux prétexte. La comptabilité et la gestion financière d’une entreprise, par exemple pour pour respecter le règlement de la bourse, coût 20 fois plus cher que la comptabilité extra-financiers.
Ce sont d’autres raisons que font hésiter les patrons. Ils ont très bien compris que, si ces informations sur le climat et la pollution sont demandées, c'est pour changer la hiérarchie des gagnants et des perdants. Actuellement, les patrons d’entreprises sont gagnants si leurs entreprises ignorent la pollution, les émissions de gaz à effet de serre et la maltraitance d’ouvriers par leurs sous-traitants en Afrique ou en Asie.
Si les consommateurs connaissaient toutes ces informations "non financières", une entreprise, qui pollue et maltraite des ouvriers, risque de perdre des clients au détriment d’un concurrent plus respectueux de la planète et de ses habitants.
Un autre prétexte avancé par certains patrons de grands groupes est la "complexité administrative". Cependant, aucune complexité administrative n’est trop grande pour exploiter une niche fiscale, ou pour faire de l’optimisation fiscale grâce à des montages d’entreprises à travers plusieurs pays, ou pour utiliser des sociétés-écrans qui permettent de cacher des méfaits.
Les entreprises étrangères qui ont un chiffre d’affaires supérieur à 40 millions d’euros, sont aussi concernées par cette comptabilité extra-financière. Il n’existe donc pas de concurrence déloyale, si toutefois les états de l’Union mettent en place les moyens de vérification nécessaires.
L’histoire récente de deux patrons vertueux montre que rien ne change sans pression politique et sociale forte. Emmanuel Faber, PDG du groupe Danone et Paul Polman, PDG du groupe Unilever, ont été écartés parce qu’ils ont essayé de rendre leurs entreprises écologiquement et socialement plus responsable. Avec quelques années d’avance, ils ont commencé à faire ce que l’UE demande maintenant à tous. Comme il fallait s’y attendre, les financiers de la bourse n’ont guerre apprécié ces deux patrons, car les financiers n’acceptent aucune valeur au-dessus de la rentabilité du capital.
La puissance publique devrait donc prendre les mesures pour contraindre les réticents, ceux qui ne connaissent que la rentabilité du capital et sont heureux d’ignorer tous les effets néfastes de leur entreprise.
Du point de vue chrétien, la directive européenne exige simplement que les entreprises mettent en lumière leurs bonnes et leurs mauvaises œuvres. Jésus dit que ceux qui font le mal préfèrent les ténèbres à la lumière. Pas étonnants qu’ils combattent cette directive, ils veulent que leurs mauvaises œuvres restent cachées. Jésus dit aussi qu’il est lui-même la lumière du monde. Les entreprises qui osent s’exposer à cette lumière trouveront des clients, tous les clients qui sont soucieux de laisser une planète viable à leurs enfants.
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