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Dans une de mes précédentes chroniques, je vous ai parlé de Lytta Basset et de son essai Paroles de feu. Pour elle, « La Bible n'est pas un livre sacré, c'est un livre qui est inspiré. Donc inspirant. C'est un livre qui est traversé de bout en bout par un souffle. Un souffle d'origine divine. Mais qui peut vous traverser vous, moi, n'importe qui. Il n'y a pas de frontières. L'Esprit souffle où il veut. C'est ce que disait Jésus : le souffle va où il veut. »
Le mot qui dit l’Esprit en hébreu ou en araméen est ‘ruah’ et signifie ‘souffle’ est un mot féminin. Par ailleurs, la Sagesse, telle qu’elle apparaît dans le livre de la Sagesse et dans celui des Proverbes, livres grecs, est la ‘sophia’, mot également féminin, et la tradition identifie souvent cette Sagesse avec l’Esprit.
À quelques jours de la Pentecôte, je pense donc opportun de vous présenter le nouveau livre de la philosophe Corine Pelluchon dont la pensée représente le renouveau de l’humanisme contemporain. Il est paru chez Rivages et s’intitule La démocratie sans emprise ou la puissance du féminin.
« La puissance du féminin, qui suppose que nous assumions pleinement notre condition corporelle et finie, que nous, en fassions une chance, le point de départ d’un projet politique, démocratique et écologique, est une potentialité de l’être humain qui concerne aussi les hommes. Elle est à la portée de tous et de toutes, même si elle est souvent étouffée. » nous explique l’auteur. Elle précise par ailleurs qu’« Elle est l’affirmation de ce pouvoir d’agir susceptible de modifier à sa racine le rapport de l’être humain au monde et à autrui, d’éveiller à la considération pour la singularité de chacun et au respect de la diversité des êtres vivants et des cultures. Il en est ainsi parce que le féminin désigne l’attention au singulier et à l’accueil du donné. Aussi, l’expérience de l’appartenance au monde commun qui nous fait prendre conscience de ce qui nous relie aux autres mais dont nous avons dit qu’elle était également inséparable de la confrontation de chacun à sa mortalité, devient, par l’attention à ce qui est donnée, gratitude, engagement en faveur de la vie et de l’avenir, générosité, capacité de penser et d’agir, de donner, de se donner, amour. »
L'objectif de ce livre est le suivant : « Faire face au danger d'effondrement de notre civilisation sans abandonner la rationalité philosophique et scientifique, tout en gardant à l'esprit notre dépendance à la nature et aux autres êtres vivants. »
L’auteure expose également comment résister à ce qui incarne ce danger : « Face aux manifestations contemporaines des « Contre-Lumières » – celles qui cherchent à établir une société hiérarchisée, qu'elles s'appuient sur la religion ou fassent appel au transhumanisme – et face aux accusations postmodernes d'hégémonie de tout universalisme, nous devons proposer de nouvelles Lumières. Celles-ci nous obligent à revisiter l'histoire des Lumières et à résister à l'amputation de la raison, désormais réduite à un instrument de calcul et d'exploitation. »
Corine Pelluchon qui a publié une dizaine d’ouvrages, parmi lesquels Éthique de la considération (Seuil, 2018) et Pour comprendre Levinas (Seuil, 2020), et dont l’œuvre a été récompensé outre-rhin par le prix de la pensée critique Günther Anders en 2020, pose les bonnes questions et nous aide à faire le bon choix.
« Le choix en faveur de la vie et de la liberté, prend sa source dans des expériences, le mettant à l’épreuve et le consolidant. C’est la pérennité de ce choix, la capacité qu’il donne de surmonter l’adversité et de s’adopter aux circonstances les plus pénible, que nous nommons puissance du féminin.
Cette puissance, (…), est nécessaire pour nouer des liens sains à la fois sur le plan individuel et sur le plan collectif. Elle est la condition de l’amour comme de la démocratie. »

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